Les banques opérant en Suisse ont généré de solides résultats l'année dernière, marquée par l'éclatement de la pandémie de Covid-19. Le résultat consolidé des 243 établissements répartis aux quatre coins de la Confédération s'est inscrit à 69,9 milliards de francs, en hausse de 5,8% par rapport à 2019, indique mardi l'Association suisse des banquiers (ASB) dans son baromètre 2021.
Selon la faîtière, cette progression est à mettre au crédit essentiellement des activités de négoce (+46,7%) portées par la volatilité accrue des marchés, ainsi qu'au regain d'activité qu'elle a entraîné de la part de la clientèle. Les opérations sur intérêts (-0,9%) au contraire ont perdu du terrain, plombées par la persistance du contexte des taux d'intérêts bas.
Au bouclement de 2020, la somme de bilan cumulée des banques exerçant en Suisse s'établissait à 3467,3 milliards, en hausse de 4,5% par rapport à fin 2019. Les créances hypothécaires représentaient près du tiers des actifs soit 1098 milliards, "restant sur la trajectoire ascendante (+3,1%) observée ces dix dernières années", indique l'ASB.
Les liquidités ont été multipliées par sept depuis 2010
Thomas Rühl, responsable des analyses sectorielles, Swissbanking
"Les liquidités ont été multipliées par sept depuis 2010", a signalé en téléconférence Thomas Rühl, responsable des analyses sectorielles au sein de la faîtière, notant que sur la même période, le volume des activités interbancaires a fondu de plus de moitié.
Crédits Covid pour 17 milliards
Revenant sur les activités de crédit, l'expert a rappelé que le secteur a octroyé l'année dernière des crédits-relais à hauteur de 17 milliards de francs, dans le cadre des mesures mises en place par la Confédération pour aider les entreprises en mal de liquidités à surmonter les conséquences de la crise sanitaire. L'ASB note au passage que la dépréciation pour risque de crédit redoutée au début de la pandémie ne s'est pas concrétisée.
Côté passifs, les engagements résultant des dépôts de la clientèle ont augmenté de 8,7% et constituent désormais plus de la moitié du total. Les dépôts à vue ont bondi de près de 30% à la faveur d'un taux d'épargne exceptionnellement élevé, des arbitrages et des effets statistiques, alors que ceux à terme ont fondu d'environ 16% en raison du bas niveau des taux d'intérêt.
Les actifs sous gestion se sont maintenus peu ou prou au même niveau qu'à fin 2019, à 7878,7 milliards de francs, l'augmentation de la masse provenant de clients basées en Suisse (+93,2 milliards) compensant quasiment le repli de celle en provenance de l'étranger (-108,0 milliards). La Confédération reste le numéro un mondial de la gestion de fortune transfrontalière, avec une part de 24%.
Timide rebond de l'emploi
La bonne performance enregistrée par le secteur l'année dernière s'est également reflétée positivement sur l'emploi, avec la création de 414 équivalents plein temps (ETP), la première progression (+0,46%) enregistrée depuis dix ans, relève l'ASB, qui signale toutefois une dynamique plus forte à l'étranger (+1,8%) qu'en Suisse (0,2%) et prévient que "cette hausse ne constitue pas nécessairement une inversion de tendance".
Evoquant la première moitié de l'exercice en cours, la faîtière énumère comme faits saillants la reprise économique, la politique monétaire expansionniste et l'évolution positive des marchés boursiers. Ces éléments se sont traduits par une hausse de 6,9% de la masse sous gestion et de 3,0% du total des bilans entre janvier et mai. "Quant à savoir si l'activité bancaire restera sur cette trajectoire favorable au second semestre 2021, cela dépendra en grande partie de l'évolution de la pandémie", avertit la faîtière.
Hausse d'effectifs
Pour le second semestre, un établissement sondé sur quatre a indiqué s'attendre à une hausse d'effectifs d'ici la fin de l'année, alors que deux sur trois anticipent une évolution stable de l'emploi. "La part des banques prévoyant des suppressions de postes a diminué", a indiqué M. Rühl, signalant le rôle prépondérant en matière d'emploi de la gestion de fortune et du back office.(AWP)