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Credit Suisse revoit son organisation sans faire la révolution et publie ses résultats

Le bénéfice net a plongé de plus d'un cinquième à 434 millions de francs au troisième trimestre. La banque annonce une réorganisation de son activité de gestion de fortune. L'action plonge en fin d'après-midi.

Entre les affaires des filatures, Archegos et Greensill, du nom de la société d'affacturage britannique en faillite, Credit Suisse a cumulé les difficultés.
Keystone
Entre les affaires des filatures, Archegos et Greensill, du nom de la société d'affacturage britannique en faillite, Credit Suisse a cumulé les difficultés.
04 novembre 2021, 17h09
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Credit Suisse revient sur l'une des mesures de l'ex-patron Tidjane Thiam, procédant au regroupement de son activité de gestion de fortune sous un seul et même toit. Il s'agit de la principale mesure de la réorganisation annoncée jeudi par la grande banque, qui va aussi se séparer de Prime Services, à l'origine de la coûteuse affaire Archegos.

Ces mesures, qui seront conduites ces trois prochaines années, étaient grandement attendues par les observateurs, qui prévoyaient quelques changements après l'entrée en fonction en avril d'António Horta-Osório, dont les premiers mois de présidence ont été marqués par la multiplication des fronts dans le domaine des litiges. Mais Credit Suisse a puisé dans les vieilles recettes au moment de repenser son organisation.

Cité dans le communiqué, le président assure vouloir replacer la gestion du risque au coeur du modèle d'affaires, mais également promouvoir une culture mettant l'accent sur la responsabilité et l'"obligation de rendre des comptes". La réorganisation doit permettre à M. Horta-Osório d'imprimer sa marque dans un contexte difficile. Les nombreux litiges - nouveaux ou anciens - ont fortement pesé sur la performance et terni la réputation de la banque depuis l'entrée en fonctions du Portugais en avril.

La nouvelle organisation reposera sur quatre divisions, contre cinq actuellement, et sera accompagnée d'un investissement de 1 à 1,5 milliard de franc par an pour assurer le développement. En pleine affaire Archegos, la banque d'affaires Investment Bank est la grande perdante de cette restructuration: les moyens alloués à cette division controversée seront encore réduits au profit des autres.

L'activité dévolue aux fonds spéculatifs sera cédée. Prime Services est à l'origine de la débâcle Archegos, qui a coûté plus de 5 milliards de francs à la grande banque au premier semestre. Il s'agit de l'énième cure d'amincissement appliquée à la banque d'affaires depuis le départ du directeur général Brady Dougan il y a plus de six ans.

Alors que des rumeurs évoquaient la cession de l'unité de gestion d'actifs, celle-ci est maintenue au sein de la structure

Engagement de 500 conseillers

Exit les divisions International Wealth Management (IWM) et Asia-Pacific (Apac), la gestion de patrimoine sera regroupée dans une seule entité, y compris l'activité intégrée jusqu'ici à la banque universelle suisse. Cette organisation régionalisée avait été décidée en 2015 par le Franco-Ivorien Tidjane Thiam.

Un montant de 3 milliards de francs - ponctionné auprès d'Investment Bank - sera alloué à cette nouvelle division, baptisée Wealth Management, précise M. Horta-Osório. L'effectif sera renforcé de 15% d'ici 2024 à 500 conseillers. L'objectif est d'atteindre 1100 milliards de francs de masse sous gestion d'ici trois ans, soit une augmentation de 200 milliards par rapport au niveau actuel, selon les indications de Credit Suisse.

La banque universelle suisse (SUB) inclura l'offre de détail aux particuliers, aux entreprises et investisseurs institutionnels sur territoire helvétique. Cette division sera donc amputée de la gestion de fortune.

Alors que des rumeurs évoquaient la cession de l'unité de gestion d'actifs, celle-ci est maintenue au sein de la structure. La division Asset Management a été également mouillée dans les affaires, plus précisément celle des fonds en liquidation Greensill, du nom de la société britannique d'affacturage en faillite. Credit Suisse poursuit le long processus de remboursement des 10 milliards de dollars (9,1 milliards de francs) investis dans ces véhicules.

Sur le plan géographique, Credit Suisse se reposera sur quatre régions, à savoir la Suisse, la zone Europe-Moyen-Orient-Afrique (Emea), l'Asie-Pacifique et le continent américain.

Les analystes ne se montrent guère surpris par des mesures largement attendues, néanmoins saluées comme un pas incontournable. La réorganisation de Credit Suisse ressemble davantage à une évolution qu'à un "big bang", note la banque Vontobel, qui y voit un remake de celle conduite par Tidjane Thiam en 2015. Morgan Stanley met en garde contre une mise en application s'annonçant compliquée.(AWP)

A 17h00, l'action chutait de 5,02% à 9,401 francs

Chute du bénéfice net

Les affaires ont pesé de tout leur poids sur la performance de Credit Suisse au troisième trimestre. Le numéro deux bancaire helvétique a inscrit pour 546 millions de francs de charges, dont 214 millions de francs pour le scandale au Mozambique. Dans la tourmente, le géant zurichois lance une réorganisation, regroupant l'activité de gestion de fortune.

Le bénéfice net a plongé de plus d'un cinquième à 434 millions de francs, affecté notamment par un taux d'imposition élevé, selon les indications fournies jeudi par Credit Suisse.

Le bénéfice avant impôts s'est étoffé de 26% à 1,01 milliard de francs, porté par la dissolution d'une provision de 235 millions de francs constituée initialement pour le fiasco Archegos, le fonds spéculatif américain en déconfiture.

Le produit d'exploitation a atteint 5,44 milliards de francs, ce qui représente une hausse de 5%, tandis que les charges ont pris 6% à 4,57 milliards. A l'exception des dépenses, attendues en moyenne à 4,15 milliards, l'ensemble des indicateurs dépassent les attentes les plus optimistes des analystes interrogés par AWP.

Perte attendue au quatrième trimestre

Entre les affaires des filatures, Archegos et Greensill, du nom de la société d'affacturage britannique en faillite, Credit Suisse a cumulé les difficultés. La banque a été sanctionnée récemment à hauteur de 475 millions de dollars (433 millions de francs) par les autorités américaines et britanniques pour solder des poursuites liées à des levées de fonds organisées par la banque au nom d'entreprises d'État au Mozambique, au coeur d'une vaste affaire de corruption.

Au quatrième trimestre, Credit Suisse prévoit d'inscrire une dépréciation de 1,6 milliard de francs liée à l'écart d'acquisition (goodwill) se rapportant principalement à l'acquisition de Donaldson, Lufkin & Jenrette en 2000, précise le communiqué. Une perte est attendue pour le dernier partiel de l'année.

Parallèlement à la publication des résultats, l'établissement tient sa journée des investisseurs. En marge de cet événement, Credit Suisse annonce une réorganisation, dont l'une des principales mesures - attendue - est le regroupement de la gestion de fortune sous une seule et même division. Jusqu'ici, cette activité était répartie entre l'unité International Wealth Management (IWM) et son homologue asiatique Apac mais aussi la banque universelle suisse (SUB).

La SUB, la banque d'affaires et l'unité de gestion d'actifs seront maintenues. Entre 1 et 1,5 million de francs seront investis entre 2022 et 2024 pour développer les désormais quatre divisions. (AWP)

Action très volatile

Le titre Credit Suisse s'offrait jeudi un début de séance en montagnes russes, ayant ouvert en forte hausse, puis plongé dans le rouge avant de revenir dans le vert. A 10h33, l'action Credit Suisse grappillait 0,1% à 9,91 francs, dans un SMI en hausse de 0,73%. Vers 14h50, l'action plongeait de 4,4% à 9,462 francs, dans un SMI en progression de 0,26%. A 17h00, la chute continue de -5,02% à 9,401 francs. (AWP)