Le groupe technologique LEM a une fois de plus réussi à dépasser les attentes des analystes, au deuxième trimestre 2020-21. Du moins sur le plan de la rentabilité. Le chiffre d’affaires a reculé de 9,4% à 144,1 millions de francs au premier semestre, mais à un rythme de 4,4% à changes constants (-4,6% au premier trimestre).
Recul annuel de 10% des affaires anticipé pour 2020-21
Pour l’ensemble de l’année, le groupe genevois anticipe prudemment une évolution du même ordre, soit un recul de 10% du chiffre d’affaires annuel (à 275-280 millions), en raison principalement d’une faible visibilité des affaires accentuée par la crise sanitaire.
«Mais nous sommes certains que les tensions entre la Chine et les Etats-Unis, ainsi que la pandémie, donneront lieu, à moyen et à long terme, à des investissement supplémentaires dans les énergies renouvelables, l’automatisation et l’électrification. Ce qui est par conséquent de nature à renforcer la tendance de fond sur laquelle est basée la trajectoire de LEM » a commenté Frank Rehfeld, le CEO du groupe, lors de la présentation mardi de ces résultats.
Bénéfice semestriel en recul de 7% à 23 millions
Le bénéfice net semestriel s’est de son côté inscrit en recul de 6,8% à 23,4 millions de francs. La direction anticipe dès lors, pour l’ensemble de l’exercice annuel, une marge opérationnelle EBIT proche de 20%. Or celle-ci s’était établie à 19,8% au deuxième trimestre et à 20% au premier semestre 2019-20. C’est d’ailleurs un cap de 20% que le groupe genevois tient depuis plusieurs années, malgré la variation des affaires, à la faveur d’une bonne répartition géographique et des segments de marchés.
Le deuxième trimestre a ainsi été marqué par une croissance positive des affaires en Chine (+5,5%) principal débouché de Lem (37% des affaires du groupe) alors que celles-ci ont chuté de 12,2% en Europe (30% du total des ventes) et se sont effondrées de 24% en Amérique du Nord, au niveau du groupe. L’ensemble des six premiers mois s’inscrit néanmoins encore en baisse (-16%) pour LEM en Chine. Ce recul, LEM l’explique, en partie, par le fait que les consommateurs de ce pays ont différé l’achat d’un véhicule électrique après le prolongement des programmes de subventions jusqu’en 2022.
La tendance positive des trois derniers mois (+6,3% dans le pôle Industries et +3,4% dans le segment Automobile) en Chine va-t-elle dès lors se poursuivre ? «Nous sommes satisfaits de cette évolution car la Chine permet de faire contrepoids aux autres marchés. En peu de temps, la Chine est redevenue une immense opportunité alors que ce marché était plutôt perçu comme un risque après les chiffres du quatrième trimestre 2019/20, qui nous avaient un peu effrayés » répond le CEO. Mais ce dernier nuance ce constat positif. A son gré, la prudence s’impose «car la Chine est aussi une part de l’économie mondiale. Or si l’économie d’exportation s’affaiblit encore au seuil de la deuxième vague pandémique, cela pourrait se répercuter sur le marché chinois» précise-t-il à l’Agefi.
Investissements soutenus dans l’innovation
Le groupe genevois maintient par conséquent un niveau élevé d’innovation, en continuant à investir dans la R&D (9% des ventes au premier semestre) et dans les nouveaux produits. Parmi ceux-ci, un voltmètre pour courant continu développé dans le centre de recherche de Lyon en moins de trois ans, et pour lequel une ligne de production a été installée à Genève. Ces appareils ont notamment été conçus pour accélérer les recharges des batteries, à 15 minutes par exemple pour atteindre un niveau de 80%.
Utilisation des capacités momentanément réduite en Suisse
Si le groupe LEM a opéré à pleines capacités au premier semestre en Chine et en Bulgarie, celles-ci ont dû être réduites à 70% dans la production en Suisse, pour trois mois, à partir du mois d’août. «Mais l’augmentation de cadences (ramp-up) en préparation, nous a incités à prendre la décision de revenir à 100%. En misant sur un scénario d’embellie plutôt que sur un scénario du pire » a encore expliqué le CEO. L’action LEM a clôturé à un niveau stable (-0,24%) mardi.
Valorisation de 1,9 milliard
Le titre a cédé plus de 8% en un mois mais affiche encore un gain de plus de 15% cette année, valorisant le groupe à près de 1,9 milliard de francs. Il n’en reste pas moins que pour l’analyste de Vontobel: «la valorisation actuelle de LEM ne reflète pas le potentiel de baisse. D’autant que pour être compétitif sur les marchés dans lesquels le groupe est entré, il a besoin d’investir de manière continue dans la R+D».