• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Lafarge mis en examen pour complicité de crimes contre l'humanité

Le groupe désormais filiale d'Holcim est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via une filiale, plusieurs millions d'euros à des groupes terroristes.

La cour d'appel de Paris maintient la mise en examen de Lafarge pour "complicité de crimes contre l'humanité".
Keystone
La cour d'appel de Paris maintient la mise en examen de Lafarge pour "complicité de crimes contre l'humanité".
18 mai 2022, 15h15
Partager

La cour d'appel de Paris a confirmé mercredi la mise en examen du groupe cimentier Lafarge pour "complicité de crimes contre l'humanité" concernant ses activités en Syrie jusqu'en 2014, selon un communiqué du parquet général obtenu par l'agence AWP. La société se pourvoit en cassation.

Lafarge "demeure mise en examen de ces chefs" de complicité de crimes contre l'humanité et de mise en danger de la vie d'autrui, "dans le cadre de l'information judiciaire qui se poursuit", d'après le document.

La chambre de l'instruction a rejeté la demande d'annulation de la mise en examen de la société, qui a fusionné avec Holcim en 2015, pour ces deux motifs.

A la clôture de la Bourse suisse, le titre Holcim a perdu 1,30% à 47,23 francs, après le revers judiciaire à Paris

Le groupe français est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via une filiale, plusieurs millions d'euros à des groupes terroristes, dont l'organisation Etat islamique (EI), ainsi qu'à des intermédiaires, afin de maintenir l'activité d'une cimenterie en Syrie alors que le pays s'enfonçait dans la guerre.

Dans un communiqué, Holcim a fait savoir que "Lafarge fera appel de cette décision devant la Cour suprême", c'est-à-dire que la filiale va se pourvoir en cassation.

"Il est important de préciser que cette décision n'est pas un jugement", souligne la multinationale zougoise. "Il s'agit de déterminer l'étendue des chefs d'accusation examinés". Le géant des matériaux de construction rappelle que "les événements survenus chez Lafarge ont été dissimulés à notre conseil d'administration au moment de la fusion en 2015 et sont en totale contradiction avec nos valeurs".

Le patron d'Holcim charge les ex-dirigeants

Le président du conseil d'administration du cimentier Holcim, Beat Hess, a accusé devant la justice les anciens dirigeants de Lafarge d'avoir "caché" leurs activités en Syrie ciblées par la justice lors de la fusion en 2015 des deux groupes.

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris doit dire mercredi après-midi si elle maintient la mise en examen de Lafarge pour "complicité de crimes contre l'humanité".

Lors d'un interrogatoire par les juges d'instruction parisiens en charge du dossier le 29 novembre, dévoilé par le Parisien et dont l'AFP a eu connaissance mercredi, M. Hess a affirmé que "la société Holcim n'a rien à voir avec les actes d'anciens cadres de Lafarge qui font l'objet de l'instruction" depuis juin 2017.

"Tous les événements du dossier syrien ont été cachés à la société Holcim lors de la fusion et de l'audit juridique qui l'a précédé", a-t-il souligné, présentant Holcim comme "victime" et "trahie".

Beat Hess a ciblé comme responsables les "anciens cadres" mis en examen par la justice française, dont l'ex-PDG de Lafarge jusqu'en 2015, Bruno Lafont.

"Je souhaite mettre en exergue la différence entre la responsabilité de ces personnes et la société qui en est tenue pour responsable", a-t-il ajouté. Une telle mise en cause serait pour Beat Hess "totalement injuste". (AWP)