L’invité: Ramzi Bouzerda
Sa fonction: CEO
Son entreprise: Droople
En 2018, lorsqu’il a créé Droople, Ramzi Bouzerda se souvient que beaucoup d’investisseurs lui riaient au nez. Pourquoi économiser de l’eau?, lui disaient-ils, alors que sa société propose des solutions pour la mesurer et ainsi permettre de mieux en gérer la consommation, explique le cofondateur et directeur dans «Be to B». Depuis tout a changé, y compris en Suisse, réchauffement du climat oblige.
La société a été créée à l’EPFL, là où Ramzi Bouzerda avait lancé sa première entreprise en Virtua informatique, en 1998, et revendue depuis avec un gain d’au moins «dix fois la mise initiale». L’ingénieur a ensuite passé plus de quinze ans dans l’industrie bancaire avant de retourner à l’entrepreneuriat. Désormais installée à Puidoux, Droople compte 13 employés, quelque 70 clients et son chiffre d’affaires atteint le million de francs. Le CEO compte tripler ce montant dans les trois prochaines années, grâce à un modèle qui combine la vente de capteurs et de services IT liés au traitement des données récoltées par ces capteurs. Il vise les chiffres noirs en 2024.
Pour financer cette croissance, l’entreprise mène actuellement une levée de fonds d’un montant de 6 millions de francs qui devrait se conclure fin octobre. Ramzi Bouzerda se dit «confiant», mais il reste prudent parce que «ce n’est pas encore signé». A ce capital devraient s’ajouter trois autres millions venant du Technology Fund de la Confédération. «70% de ce capital iront dans la croissance commerciale, […] à l’étranger notamment; […] 20% vont aller encore dans le développement du produit» pour l’améliorer et le rendre moins cher, détaille-t-il.
Droople continue sur cette voie en solitaire alors que la société aurait déjà pu être rachetée. «Oui, je ne peux pas divulguer l’identité de ces offres, mais oui effectivement on a déjà eu des offres de rachat», admet Ramzi Bouzerda. Des propositions qu’il a refusées, car «on estime aujourd’hui que c’est encore trop tôt». Les candidats à la reprise sont toutefois clairement identifiés: des acteurs sont plus dans l’infrastructure de l’eau, «en amont de ce que l’on fait. […] Nous serions un complément idéal» au portefeuille de groupe comme les français Suez ou Veolia. A moins que ce ne soit un concurrent, comme le chinois Laison ou les belges Cadis et Metergo.