L’invité: Nasri Nahas
Sa fonction: Directeur
Son entreprise: Biopôle
«Nous ne vendons pas des mètres carrés, mais un écosystème.» A la direction du Biopôle depuis 2015, Nasri Nahas explique le modèle d’affaires du centre spécialisé dans les sciences de la vie. Créée en 2004, la société privée est détenue par le canton de Vaud, actionnaire majoritaire, ainsi que par les communes de Lausanne et d’Epalinges, sur laquelle se trouvent les 134.000 m2 potentiels de terrains à bâtir. De grandes sociétés comme Roche, Ferring ou le Chuv y ont pris leur quartier, à côté d’un grand nombre de start-up, dont ADC Therapeutics, cotée à la Bourse de New York depuis 2020.
La dimension du Biopôle en fait «la plus grande concentration en sciences de la vie de toute l’Europe», avance son directeur dans «Be to B». Quelque 55.000 m2 de bureaux et de laboratoires ont déjà été construits, et 50.000 autres m2 sortiront de terre d’ici 2025, détaille Nasri Nahas. Le Biopôle s’appuie sur des investisseurs, comme récemment Edmond de Rothschild, pour réaliser ces constructions. La banque genevoise a ainsi annoncé le mois dernier bâtir 23.000 m2 de nouveaux bâtiments sur un terrain qu’elle loue sur une longue durée.
Ces investisseurs, qui louent à leur tour les surfaces construites, versent au Biopôle une rente qui permet au centre d’être «à l’équilibre financier. Nous ne recevons pas de subvention», se réjouit Nasri Nahas qui indique que le chiffre d’affaires se compte «en millions, à un chiffre». Les comptes ne sont pas publics.
Pour Nasri Nahas, les start-up du Biopôle en constituent «le cœur battant», indispensable source d’innovation qui alimente tous les acteurs présents. Une grande partie de son travail est d’ailleurs de convaincre les jeunes pousses de venir s’y installer. Pour le Libanais d’origine, la concurrence ne se trouve ni au campus biotech ou à Bâle, qui nourrissent l’écosystème suisse, mais plutôt en Allemagne ou en France.
Le manque de financement de ces innovations, souvent rachetées par des sociétés étrangères, reste un point faible de la Suisse, confirme le directeur du Biopôle, rejoignant une critique souvent émise. S’il estime que ce n’est pourtant «pas une fatalité», Nasri Nahas aimerait «bien que nos caisses de pension aient un peu plus d’appétit pour nos sociétés». L’ancien entrepreneur, en France et à Genève, constate le manque de «culture du risque et de la diversification» dans ces institutions qui pourtant gèrent «notre argent». Ce serait l’occasion de créer un «cercle vertueux», estime-t-il.