L’invité: Christian Brunier
Sa fonction: Directeur général
Son entreprise: SIG
L'année dernière a profité aux Services industriels de Genève (SIG). L’entreprise contrôlée par le canton et les communes genevoises avait réalisé un chiffre d’affaires net de 952 millions de francs (+5,5%) et un bénéfice d’exploitation de 249 millions, soit une marge de 26%. Pour 2022, marquée par des prix records de l’énergie, les chiffres seront «un petit peu moins bons, mais quand même très bons», annonce Christian Brunier dans «Be to B».
Le directeur général des SIG reconnaît bénéficier d’une position de monopole pour la moitié de ses affaires, mais défend ces bons résultats pour garder la «capacité d’investir pour le climat». Dans les dix années à venir, Christian Brunier prévoit par exemple de consacrer 1,5 milliard au thermique renouvelable. La semaine passée, les SIG ont d’ailleurs publié les conclusions d’une étude sur le potentiel de la géothermie, qui devrait à terme couvrir un tiers des besoins en chaleur de Genève, soit «un magnifique patrimoine», selon Christian Brunier.
Celui qui a commencé sa carrière aux Services industriels comme apprenti s’estime «assez optimiste» que cet hiver se passe sans que l’on manque d’électricité. Cependant, «tant que nous n’aurons pas fait la transition énergétique, nous aurons ce risque de pénurie», avertit-il. Et d’ajouter que les SIG doivent produire davantage de courant, notamment solaire. L’entreprise essaie de «rattraper le retard» pris ces dernières années. Les SIG ne produisent qu’un quart de l’énergie qu’ils distribuent, mais ambitionnent d’augmenter cette part grâce aux renouvelables.
En 2023, les tarifs d’électricité augmenteront en moyenne de 22% à Genève. Annoncée cet été lorsque le prix du mégawattheure atteignait des records proches de 700 euros, cette hausse ne sera pas revue à la baisse malgré la chute récente de ce même mégawatt, tombé à quelque 200 euros ces dernières semaines. Christian Brunier défend une stratégie qui passe par des contrats à long terme, qui lisse les prix.
Egalement invité de «Be to B» cet automne, Pascal Vandenberghe, directeur de Payot, indiquait avoir vu la facture de courant de son grand magasin de Genève multipliée par 14, sans toutefois donner le nom de fournisseur, dont il a depuis changé. «Si on avait collé au marché on aurait augmenté [les tarifs] de 300% et pas de 22%», souligne pour sa part Christian Brunier.
Interrogé sur Innergia, la société vaudoise qui se propose d’aider les communes à produire leur propre énergie, Christian Brunier dit encourager la décentralisation de la production de courant. Il affiche en revanche sa prudence face aux solutions qui promettent «l’autonomie» énergétique.