Le peuple fribourgeois vote le 13 juin sur la participation pour moitié de l'Etat à une augmentation de capital de 50 millions de francs en faveur du quartier d'innovation Bluefactory à Fribourg. L'ex-site de la brasserie Cardinal suscite le débat depuis des années.
La votation a lieu suite au dépôt par un groupe de 28 députés, issus pour l'essentiel des rangs de l'UDC, d'un référendum parlementaire. L'instrument, très rarement utilisé, leur permet de porter le décret relatif à l'opération voté par le Grand Conseil le 12 février, par 71 voix contre 24 et 2 abstentions, à l'appréciation populaire.
A l'instar du législatif, le Conseil d'Etat soutient à fond la démarche en évoquant un "investissement judicieux, durable et responsable". Soutenir l'augmentation de capital assurera "la poursuite du développement d'un quartier de vie et d’innovation important pour le futur de l'économie et des emplois du canton".
Mesure de relance
Dans le contexte de la crise sanitaire, les investissements planifiés pour les trois prochaines années constituent "une mesure de relance de plus de 50 millions de francs", insiste l'exécutif. Sans compter les retombées pour l’économie locale et régionale. Les 25 autres millions sont à la charge de la Ville de Fribourg.
Le projet d'essor de Bluefactory, un site sis non loin de la gare du chef-lieu cantonal, est ambitieux. Près de 800 emplois sont attendus en 2025, contre 340 aujourd'hui. Un effectif qui pourrait grimper à 2500 à l’horizon de 2040, une fois toutes les phases de développement réalisées, estime le Conseil d'Etat.
Le comité des députés référendaires veut donner la parole au peuple afin qu'il se prononce sur le crédit de 25 millions de francs. "Nous voulons donner les moyens au quartier de se remettre en jambes et non pas détruire le projet", affirme Cédric Péclard, coprésident du comité "Non à ce Bluefactory" et député La Broye c'est vous!.
Bilan décevant
Les opposants, à l'instar de Nicolas Kolly, chef du groupe UDC au Grand Conseil et autre coprésident du comité, mettent en lumière un bilan décevant, dix ans après le lancement du site. Pour qui passe à proximité, ce dernier fait penser à un terrain vague, dit Nicolas Kolly. Au début, 1000 à 2000 emplois y étaient annoncés.
Pour les députés référendaires, les emplois actuels sont surtout des emplois de fonctionnaires "subventionnés". Ils veulent "pouvoir débattre et repartir sur de nouvelles bases" pour obtenir ce qui était promis au départ, à savoir un parc technologique amenant richesse et emplois à haute valeur ajoutée", relève Nicolas Kolly.
Les opposants demandent l'instauration d'une meilleure gouvernance uniquement dans les mains de l'Etat. "Un site cher au cœur des Fribourgeois", a précisé devant la presse Gilberte Schär, députée UDC. Celle-ci a regretté l'absence d'une étude immobilière avant de développer Bluefactory, évoquant un risque d'excédent de l'offre.
Au cœur de la capitale
Beaucoup d'argent a été injecté dans le projet à vocation d'innovation, d'habitation et d'animation culture. Le montant excède 100 millions de francs avec les contributions du canton, de la ville et de la Confédération, selon Nicolas Kolly. "Nous soutenons économie et emplois, mais il faut parfois tomber pour se relever."
L’attrait du site n’est plus à démontrer puisqu’il doit, faute de place, refuser des entreprises locataires depuis plusieurs années
Le Conseil d'Etat fribourgeois
La société Bluefactory Fribourg-Freiburg SA (BFF SA) a déjà investi 20 millions de francs via des crédits hypothécaires pour réhabiliter ou aménager les infrastructures disponibles et accueillir des entreprises. "Et ceci malgré toutes les contraintes liées à plusieurs bâtiments protégés du site", dit le gouvernement.
Aujourd’hui, le quartier abrite 55 sociétés ou associations. Il accueille des centres de compétence qui collaborent avec des entreprises indigènes. "L’attrait du site n’est d’ailleurs plus à démontrer puisqu’il doit, faute de place, refuser des entreprises locataires depuis plusieurs années", insiste encore l'exécutif.
La société BFF a pour mandat de promouvoir, développer, construire, exploiter et gérer le quartier de vie (restaurants et logements) et d’innovation Bluefactory. Ce dernier s’étend sur 53.000 m2 au cœur de la capitale cantonale, sans oublier la proximité avec la gare où les CFF sont en train d'investir 110 millions de francs. (ATS)