«Nous avons essuyé un repli de plus de 30% de notre chiffre d'affaires en 2020 à cause du Covid-19», confie à AWP Benjamin Fuchs, directeur général d'Alba, spécialisée notamment dans la fabrication de produits textiles destinés aux maisons de mode haut de gamme telles que Gucci.
L'entreprise n'a cependant pas procédé à des licenciements dans son usine en Egypte, qui compte environ 160 employés sur les 200 de la branche textile. «Nous avons beaucoup investi dans la formation de nos collaborateurs et nous espérions une reprise plus rapide», explique le responsable. «Par contre, nous avons dû fermer le petit site de production que nous avions encore en Suisse», fait-il remarquer, en marge de la conférence Africa Business day organisée vendredi par le Swiss-African Business Circle.
Capacités de production réduites
Alba n'a cependant pas dû arrêter la production et l'approvisionnement en matières premières s'est fait sans problème. «En revanche, nous avons nettement réduit nos capacités de production faute de commandes et, entre avril et août dernier, il était impossible d'aller en Egypte. Nous avons tout essayé et même envisagé de louer un jet privé mais cela n'a pas marché», explique celui qui souligne la robustesse des installations égyptiennes.
Produisant des tissus utilisés entre autres dans la confection de costumes et de chemises d'affaires, la firme n'anticipe pas un redressement significatif avant 2022. Le télétravail, l'interruption des voyages d'affaires et des grandes manifestations ont sensiblement réduit la demande pour des vêtements formels.
Novartis également touchée
Nettement plus grand qu'Alba et davantage connu du grand public, Novartis non plus n'est pas sorti complètement indemne de la crise sanitaire en Afrique subsaharienne. Comme dans les autres régions où le groupe pharmaceutique est présent, nombre de malades n'ont pas eu accès aux soins dont ils avaient besoin à cause des craintes d'infection.
«Mais le nombre de patients auxquels nous avons eu accès et nos revenus sont restés stables», a indiqué Emmanuel Akpakwu, le directeur commercial de la région Afrique subsaharienne de Novartis. Selon le dirigeant, cette région réalise moins de 1% du chiffre d'affaires mondial du groupe, qui a atteint au total 48,66 milliards de dollars l'année dernière.
Marché pharmaceutique en croissance
Quelque 25 millions de personnes ont utilisé en 2020 des médicaments fabriqués par l'entreprise dans cette région du monde. Les médicaments représentent le principal produit exporté par la Suisse vers l'Afrique. Mais même si les grands laboratoires mondiaux dominent le marché africain, les entreprises pharmaceutiques du continent se développent progressivement, notamment dans les génériques, un secteur dans lequel la filiale de Novartis, Sandoz, est active.
«Nous sommes convaincus que la région offre nombre d'opportunités de croissance», poursuit Emmanuel Akpakwu.
Cependant, en raison de la pandémie, la situation sanitaire demeure difficile, même si Novartis observe des améliorations. «Au premier trimestre 2021, il y a eu une hausse 6,6 millions de patients traités avec nos médicaments en comparaison annuelle», dit-il.
Forte résilience
Nonobstant la crise sanitaire, certaines entreprises comme le chimiste bâlois Clariant ont enregistré une croissance de leur chiffre d'affaires en Afrique subsaharienne.
«Nos activités ont montré une forte résilience l'année dernière et cette bonne tendance se poursuit actuellement», fait remarquer Nicol Meyer, directrice générale de Clariant en Afrique du Sud. «Nous n'avons jamais dû fermer nos sites de production et dans certains secteurs nous avons augmenté notre production», ajoute-t-elle. Les substances chimiques intervenant notamment dans la fabrication de produits de nettoyage ont bien marché.
«Notre région a même enregistré une croissance en termes de revenus», dit la responsable sans détailler davantage. L'Afrique du Sud et le reste de l'Afrique subsaharienne, que Nicol Meyer dirige, font partie de la région Moyen-Orient/Afrique qui contribue à hauteur de 7% au chiffre d'affaires de Clariant. Ce dernier a réalisé des ventes totales de 3,86 milliards de francs en 2020.
Grand défi de l’approvisionnement en matières premières
L'un des grands défis de Clariant est actuellement l'approvisionnement en matières premières. «Nous n'avons pas connu de pénurie, mais nous devons attendre davantage de temps pour recevoir nos commandes», relève la patronne de la filiale qui compte 160 personnes et quatre sites de production.
Pour relever ce défi logistique, la société a renforcé ses stocks et augmenté le nombre de ses fournisseurs. (ATS)