«Le quatrième trimestre devrait être nettement plus faible qu’attendu. Nous n’aurions pas pensé que la deuxième vague de la pandémie serait si forte», a commenté mardi Alessandro Bee, économiste de UBS Wealth Management, lors d’une conférence de presse, en ligne, consacrée aux répercussions de la pandémie sur l’économie suisse. La seconde vague devrait freiner la reprise, mais sans la compromettre.
Pas d'effondrement des exportations
A la différence de la première, les confinements généralisés restent l’exception et la conjoncture s’accélère en Chine. Pareille configuration s’oppose à l’effondrement des exportations observé au printemps. La demande intérieure va dès lors dépendre de l’ampleur des mesures prises pour lutter contre le coronavirus. Elles ont jusqu’ici été nettement moins sévères qu’en mars-avril et devraient par conséquent pénaliser bien moins fortement l’économie, si elles ne sont pas prolongées.
Dans leur scénario de base, les économistes de UBS anticipent un recul de l’activité pour le quatrième trimestre. Les trois premiers mois de 2021 devraient marquer une stabilisation du PIB à un faible niveau, suivi d’une accélération marquée de la conjoncture suisse en été, selon le scénario le plus favorable esquissé. La perspective que l’homologation d’un vaccin contre la Covid-19 survienne plus tôt, par exemple au début de l’année prochaine, renforcée par les annonces de Pfizer et de Biontech lundi, pourrait accélérer la conjoncture début 2021, précise Alessandro Bee.
Scénario pessimiste écarté
Le scénario d’une récession, soit un recul du PIB au quatrième trimestre 2020 ainsi qu’au premier de l’année prochaine, n’est pas retenu par la grande banque. Il pourrait néanmoins survenir – c’est le scénario pessimiste – si un confinement généralisé prolongé est introduit en Suisse et dans les pays voisins. Et si une spirale conjoncturelle négative se développe, par exemple en cas d’effondrement de la consommation et de forte remontée du chômage.
A la faveur d’un troisième trimestre meilleur qu’attendu, UBS continue par conséquent d’anticiper une chute du PIB de 4,5% cette année en Suisse mais a abaissé ses prévisions de croissance à 3,2% pour 2021 (précédemment 3,9%).
Augmentation du chômage
Si les indemnités de chômage partiel ont permis une hausse modérée du chômage jusqu’en octobre, son taux devrait à nouveau augmenter dans les prochains mois et passer de 3,2% en 2020 à 3,9% en 2021.
Reprise en K
Selon UBS, c’est la physionomie d’une reprise en K qui caractérise le mieux l’évolution à venir. D’un côté, les branches peu touchées par la crise (la pharma et le secteur financier) ou qui se sont nettement redressées (par exemple la construction) devraient continuer à se rétablir. De l’autre, les secteurs qui ont fortement souffert ces derniers mois (restauration, voyages, événementiel) sont à nouveau les plus touchés. C’est là que le nombre de faillites est attendu en hausse.
Le chômage partiel comme indicateur
L’évolution des niveaux de chômage partiel constitue un bon indicateur à cet égard relève UBS: il s’est par exemple fortement réduit dans la construction entre avril (près de 25%) et juillet et août (moins de 5%).