08 septembre 2020, 19h31
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Les chances sont bonnes d’aboutir à un accord d’accès mutuel entre les deux places financières concurrentes selon l’Association suisse des banquiers (ASB) Swissbanking. La faîtière travaille aussi à l'élaboration de recommandations pour les banques concernant les risques d’insolvabilité des entreprises confrontées à une crise de liquidités. Ce sont deux des initiatives présentées mardi par Herbert Scheidt, le président de l'ASB et Jörg Gasser, le directeur, lors de la conférence de presse annuelle de l’association. Entretien avec Jörg Gasser.
Vous avez fait état ce matin d’améliorations, d’avancées modestes dans les évolutions récentes en matière d’accès au marché pour les services financiers. A la suite de la déclaration d’intention commune signée par la Suisse et le Royaume-Uni le 30 juin dernier pour viser une libéralisation mutuelle de cet accès. Avez-vous l’impression que les intérêts communs l’emportent sur les facteurs de concurrence entre les deux pays ?
La Suisse et le Royaume-Uni sont concurrents. Nous menons actuellement en effet des entretiens avec le Royaume-Uni pour assurer l’accès à nos marchés respectifs par la reconnaissance de nos cadres législatifs. Ce qui pourra servir d’exemple sur la configuration de l’accès au marché entre deux places financières concurrentes. La reconnaissance par le Royaume-Uni de notre cadre juridique et par la Suisse du cadre juridique britannique doivent pouvoir créer la possibilité, pour les prestataires de services financiers des deux pays, d’opérer activement dans les deux marchés. C’est là notre objectif.
Quelles sont les chances d’aboutir avec le Royaume-Uni ?
Elles sont plutôt bonnes car les deux pays ont un tel intérêt. Les deux ministres des finances ont donné des instructions claires à leurs ministères respectifs pour obtenir un accord ou un protocole d’accord (memorandum of understanding) et pour le mettre en œuvre. Nous avons accueilli hier une délégation britannique qui, pour faire ce déplacement, a rapidement obtenu une autorisation spéciale du Premier ministre. Je suis par conséquent assez optimiste.
Et avec l’UE, vous négociez actuellement sur le statut des succursales de banques suisses au sein de l’UE ?
Tant que l’accord-cadre fait défaut,la question des succursales peut théoriquement être négociée individuellement avec chaque pays de l’UE. L’Italie, la France par exemple peuvent en décider elles-mêmes. Mais ces pays discutent aussi et se coordonnent entre eux. Nous ne pouvons par conséquent vraisemblablement pas négocier avec l’Italie une solution spéciale qui ne serait pas applicable avec la France. Il y a donc peu de progrès pour l’instant. Nous devons d’abord attendre le résultat de l’initiative de résiliation. L’intérêt de nos voisins pour aboutir à une solution à cet égard est très faible.
Les plus grands établissements ont mis en place leurs propres succursales sur leurs marchés de l’UE. Ressentez-vous l’impatience des banques de moindre taille ?
L’impatience s’exprime en effet ainsi «nous créons à l’étranger les emplois que nous souhaiterions en fait développer en Suisse ». Nous souhaitons bien sûr maintenir le savoir-faire en Suisse pour pouvoir exporter nos produits ou que les clients puissent venir en Suisse, à Genève notamment. Ce qui n’est actuellement possible que de manière très restrictive. Quant aux grandes banques, elles souhaitent aussi accéder librement aux marchés de l’Allemagne, de la France et de l’Italie même si elles disposent d’une succursale dans ces pays. Car les clients de ces pays veulent souvent que leurs avoirs soient comptabilités en Suisse.
Et si l’initiative de résiliation est acceptée par le Peuple suisse ?
Je ne suis pas de ceux qui peignent le diable sur la muraille. Mais je ne pense pas que nous puissions nous passer des accords bilatéraux. Même si j’ai une grande confiance dans les aptitudes de notre administration à négocier des accords. Je ne suis pas sûr que cela réussisse.
Et l’accord cadre avec l’UE, si l’initiative est refusée?
Je pense que nous pourrons rapidement commencer à travailler sur cet accord-cadre.
L’ASB Swissbanking élabore actuellement, avec les banques, des recommandations au sujet de la gestion des risques d’insolvabilité des entreprises, ainsi que l’a annoncé ce matin Herbert Scheidt, le président de l’ASB. Quel objectif visez-vous par ces recommandations ?
L’objectif est d’éviter autant que possible les cas d’insolvabilité ou de faillite d’entreprises qui disposent d’un bon modèle d’affaires mais qui sont confrontées à une crise de liquidités. En optimisant la coordination entre les banques prêteuses, et avec les PME concernées, nous voulons par exemple éviter que ces entreprises soient confrontées simultanément aux créances de plusieurs banques.