L’invité: Ivan Slatkine
Sa fonction: PDG
Son entreprise: Slatkine Reprints
«Nos meilleures années, aussi bizarre que cela puisse paraître, c’étaient pendant le Covid.» Invité de «Be to B», l’éditeur Ivan Slatkine se souvient du «besoin» de ses clients «de lire, et de lire des livres papier» au moment du confinement. Cette période appartient au passé, mais les affaires «se passent bien» en ce moment, estime le PDG de Slatkine Reprints, une maison dont les origines remontent à 1918 lorsque son arrière-grand-père ouvrit une librairie dans la vieille ville de Genève. Actif dans l’édition, l’impression, la distribution de livre, mais aussi l’immobilier, le groupe compte un peu moins de 100 collaborateurs.
Ivan Slatkine parle d’un «métier très riche au niveau humain» et «beaucoup plus compliqué au niveau économique». Il aurait «de la peine à maintenir» l’activité d’édition «sans des apports extérieurs». Ces apports viennent en particulier de l’immobilier, grâce à des terrains que son père a acquis un peu par hasard dans le canton de Vaud au milieu des années 1960. «Il serait difficile de développer toute notre activité éditoriale si on n’avait pas cette garantie immobilière qui nous rapporte de l’argent. […] Il est plus facile de toucher des loyers que de publier des livres à succès», sourit l’éditeur.
En début d’année, Slatkine s’est séparé de ses activités en France. «Nous n’avons pas vendu notre nom, [mais] cédé la marque pour 4 ans, au groupe Trédaniel qui peut l’exploiter», nuance-t-il. Le Genevois estime que cet acteur français, qui vend pour quelque 60 millions d’euros de livre, aura «plus de moyens» pour promouvoir les écrivains romands, comme Nicolas Feuz et Marc Voltenauer. Ces derniers pourraient toutefois être tentés de rejoindre la nouvelle maison d’édition lancée par Joël Dicker. «Chacun est libre», admet Ivan Slatkine, qui soutient cependant que les deux auteurs de polar ont, avec Trédaniel, «toutes les cartes en main pour pouvoir percer sur le marché français».
En Suisse, le marché du livre attend les conclusions de l’enquête de la Commission de la concurrence (Comco) à la suite d’une plainte déposée l’an dernier par Payot. Le litige porte sur les prix jugés surfaits imposés par un grand distributeur français, Madrigall. Ivan Slatkine reconnaît que «certains distributeurs ont tendance à prendre les Suisses romands pour des vaches à lait». «Maintenant, est-ce qu’il faut partir dans des combats» comme celui de Pascal Vandenberghe, le PDG de Payot? «Je ne suis pas sûr», poursuit-il. Celui qui préside par ailleurs la FER Genève appelle plutôt les professionnels «à se mettre autour de la table et trouver des solutions ensemble».