L’invité: Vincent Chapel
Sa fonction: président et CEO
Son entreprise: Helvetia Environnement
Réputée pour le tri des déchets, la Suisse fut certes «avant-gardiste» avec une première loi en 1991, pointe Vincent Chapel. Cependant, depuis plusieurs années, elle «stagne quand les autres pays progressent», car «peu de choses ont évolué», selon le président et CEO d’Helvetia Environnement, invité de «Be to B». Spécialisé dans la collecte, le tri et le recyclage des déchets, le groupe genevois emploie 560 collaborateurs sur plus de 40 sites à travers la Suisse.
Heureusement, poursuit le dirigeant qui a repris les commandes de l’entreprise en 2009, «la nouvelle loi sur l’économie circulaire qui est en cours de discussion […] refond complètement le panorama». Cette «très bonne loi», selon lui, introduit un maillon supplémentaire dans la chaîne actuelle des déchets, celui de leur valorisation en énergie.
Exemple de déchet à fort potentiel, les huiles végétales usagées. Elles représentent «la matière qui a le plus de valeur» en ce moment, observe Vincent Chapel. «Avec la crise énergétique, [ces] huiles de friture qui servaient [avant] de façon très marginale à fabriquer du biocarburant» sont devenues très demandées. Leur prix «a été multiplié par trois en quasiment douze mois», constate-t-il. Et d’ajouter que «de nombreuses filières se sont mises en place [pour] pouvoir produire du biocarburant en substitution au carburant fossile».
Helvetia Environnement sort d’une année 2022 «moyenne», mais «toutes nos entreprises» sont rentables, déclare le Français d’origine, passé aussi par Von Roll. Le chiffre d’affaires cumulé des activités du groupe aux quelque 350 camions approche les 150 millions de francs, 10 millions de plus qu’il y a cinq ans. L’an dernier, l’envolée du prix des carburants a pesé sur les coûts. Le choc a toutefois pu être amorti de deux manières. D’une part, «60%» de la flotte roule au biocarburant, que le groupe fabrique lui-même. D’autre part, le «bois-énergie» utilisé pour fournir de la chaleur et de l’électricité et dont Helvetia Environnement «est un gros producteur» a vu son cours «beaucoup monter». Au final, les coûts supplémentaires et les gains inattendus se sont équilibrés, indique-t-il.
Les perspectives de croissance ne sont pourtant pas à chercher du côté des déchets qui ne vont «pas continuer à augmenter et c'est une bonne chose», assure Vincent Chapel. Le modèle d'affaires d’Helvetia Environnement continuera «à évoluer vers les métiers du recyclage et les métiers de la valorisation», prévoit-il.