L’invité: Edouard Meylan
Sa fonction: CEO
Son entreprise: H. Moser
La troisième édition des Geneva Watch Days s’est déroulée la semaine passée, rassemblant une série de marques horlogères pour la plupart indépendantes, dont H. Moser. Pour Edouard Meylan, le CEO de la manufacture de Schaffhouse, ce salon décentralisé coûte «plus de vingt fois moins cher» que les grands événements comme Baselworld et Watches and Wonders.
Reprise en 2012 par la famille Meylan, H. Moser, financièrement à l’agonie, produit désormais quelque 3000 pièces par année au prix de vente moyen de 45.000 francs. La manufacture prépare l’ouverture à Hong Kong cet automne d’un grand magasin phare («flagship store»), son premier en plus de 100 ans, indique le CEO dans «Be to B».
A l’image d’autres acteurs de l’industrie horlogère, dont les exportations continuent d’augmenter, Moser profite d’un marché «très porteur». Les carnets de commandes de «2022 et 2023 sont complètement pleins», se réjouit Edouard Meylan. «On travaille maintenant sur vendre des montres, si on peut, un peu plus cher. Ou déjà à préparer l’année 2024.»
La situation est complètement différente de celle à laquelle il faisait face il y a 10 ans. Edouard Meylan se souvient qu’«on devait pousser [les pièces à chaque fin de mois], appeler les clients [distributeurs]. Avez-vous vendu?, est-ce qu’on peut replanifier? Là c’est l’inverse. Ils nous appellent constamment [et nous disent]: On a besoin de pièces!»
Conséquence de cette forte demande, et des limites de Moser pour augmenter la production, les prix sur le marché secondaire se sont envolés. Parfois jusqu’à six fois ce qu’un client paierait en magasin, relève Edouard Meylan. Après un pic en février, une correction s’est produite, de «30 à 40% pour le prix de certains modèles», détaille-t-il.
Le CEO surveille ce marché «spéculatif». «Le danger, c’est que les montres n’aillent jamais vraiment sur les poignets, avance-t-il. Qu’elles soient achetées et revendues.» Et qu’un jour, comme sur les marchés financiers, «tous les spéculateurs prennent peur» et vendent, entraînant avec eux tout le marché et que «les prix s’effondrent».
Edouard Meylan détaille aussi ses ambitions pour une autre marque, Hautlence. Anagramme de Neuchâtel, cette marque est aussi contrôlée par sa famille et a été relancée il y a dix jours. La production a déménagé à Schaffhouse.150 à 200 pièces par année sont visées.