Les grands magasins Globus poursuivent leur transformation pour s'établir en tant qu'acteur du segment haut de gamme, notamment via des coupes au niveau du réseau de filiales et du personnel. Mais l'enseigne doit, comme le reste du secteur, faire face aux défis inhérents à la pandémie de coronavirus.
Après avoir été rachetée par l'autrichien Signa et le thaïlandais Central Group en février 2020, l'ancienne filiale de Migros en difficulté a cédé 31 succursales à l'ancien directeur général Thomas Herbert et au groupe Mode Bayard.
Globus détenait encore une dizaine de magasins après cette cession annoncée en juillet dernier. Les nouveaux propriétaires veulent investir quelque 300 millions de francs ces prochaines années pour repositionner le groupe sur le segment du luxe et le rendre rentable.
Selon les derniers chiffres disponibles, l'enseigne avait dégagé en 2019 des recettes de 763 millions de francs, en repli de 5,6%.
Ces derniers mois, l'entreprise a aussi externalisé ses services de restauration et a fermé les magasins de Marin à Neuchâtel et à Locarno, respectivement pour octobre 2021 et fin 2022.
Interrogé par AWP sur la progression de sa réorganisation et la marche des affaires, Globus, qui compte approximativement 2200 collaborateurs, s'est refusé de commenter.
"Les fermetures ayant été communiquées bien en avance, notamment fin 2022 pour Locarno, nous ne pouvons pas nous prononcer sur le nombre exact de licenciements qui seront effectivement prononcés", a indiqué à AWP le syndicat Société des employés de commerce, qui a négocié le plan social pour les personnes concernées par la restructuration.
Quelque 50 postes sont menacés à Locarno, 35 à Marin et 50 suite à l'externalisation des activités de restauration. En avril 2020, juste après le rachat par les nouveaux propriétaires, Globus a aussi fait savoir son intention de supprimer une centaine de postes à son siège zurichois pour enrayer "la faiblesse persistante du résultat opérationnel" depuis un certain nombre d'années.
Selon la Société des employés de commerce, les éventuelles fermetures ou changements de formats sont liés à la stratégie "One brand" de Globus remontant à 2017 et dont les premières mesures arrêtées ont été mises en oeuvre en mars 2018. "Les décisions qui ont été prises devraient être réparties sur une période d'environ six ans", a indiqué le syndicat qui se déclare satisfait des prestations du plan social négocié.
La pandémie pèse aussi
Au-delà des problèmes propres à sa structure, la chaîne de magasins zurichoise doit aussi faire face aux défis auxquels l'ensemble du commerce de détail et du secteur du luxe est confronté, notamment avec la pandémie de coronavirus et les changements dans les habitudes de consommation des clients.
Selon un sondage mondial du cabinet de conseils aux entreprises Deloitte, 59% des personnes interrogées n'avaient plus peur de retourner dans les magasins à cause du Covid-19 en mai contre 45% en janvier. "Mais il y a presque 40% de la clientèle qui ne souhaite pas encore retourner dans une boutique", fait remarquer Karine Szegedi, responsable du secteur de la consommation en Suisse chez Deloitte.
Les fermetures de magasins causées par la pandémie ont en outre pesé malgré la progression des ventes en ligne. L'absence de touristes internationaux, très friands d'articles haut de gamme, se ressent également, que ce soit dans les boutiques huppées de la rue de Rhône à Genève ou de la Bahnhofstrasse à Zurich.
Le ciel commence cependant à se dégager lentement. "Depuis la réouverture des enseignes, des achats de rattrapage ("revenge shopping") ont été observés", a déclaré la spécialiste.
Et le luxe en particulier retrouve peu à peu des couleurs. "Il a commencé à récupérer au dernier trimestre 2020 grâce aux achats de Noël et entre janvier et mars, cette tendance positive s'est poursuivie".
Mme Szegedi souligne en outre que les enseignes qui ont du succès sont celles qui ne proposent pas uniquement de l'habillement mais également une palette d'expériences autour de la nourriture, des magasins éphémères, des produits de second-main et de la culture. "Elles doivent susciter l'envie et attirer une clientèle plus jeune qui apprécie les événements."(Lassila KARUTA, AWP)