Article republié
Cet article initialement publié le 19 octobre 2023 avait été retiré après des mesures super-provisionnelles décidées par la justice genevoise, sur demande de Flowbank. Ces mesures, ordonnées le 27 octobre, ont été levées le 13 juin après une victoire en appel de «L'Agefi». Le texte est donc à nouveau accessible.
Recherche Chief Financial Officer. L’annonce de recrutement qui exige «une bonne connaissance de la régulation bancaire» a été mise en ligne par Flowbank le 2 février dernier. Près de neuf mois plus tard, la banque en ligne a glissé, mercredi, le nom du successeur de Stéphanie Ichter, partie l’hiver dernier. Selon un communiqué publié sur Allnews, Nicolas Vetsch prendra les fonctions de directeur financier dès «l’approbation de la Finma», le régulateur financier. Il est au moins le cinquième à occuper ce poste alors que la banque a commencé ses activités commerciales fin 2020.
Cette nomination d’un ancien CFO de la Banque Heritage figure parmi les informations diffusées hier par Flowbank. La banque s’est aussi exprimée sur une partie des manquements mis en lumière par son réviseur, le cabinet PwC.
Ces problèmes de conformité sont mentionnés dans son rapport annuel 2022, publié cet été après plusieurs mois de retard. Un rapport que la néobanque genevoise a transmis à L’Agefi, mais elle a refusé de répondre à nos questions à son sujet. «A notre avis, le système de contrôle interne [de Flowbank] n’est pas conforme au droit suisse»: c’est avec ces mots que l’auditeur termine son analyse des chiffres 2022. Une telle remarque est considérée comme rarissime parmi les établissements financiers du pays.
La Finma a refusé de réagir à cet élément, indiquant «être en contact avec la banque mentionnée dans le cadre de sa surveillance». Déclinant comme à son habitude tout commentaire de cas particulier, le régulateur ajoute que dans ce type de cas de figure, il «prend des mesures ciblées pour rétablir l’ordre légal», précise un porte-parole. Ces mesures peuvent aller «de contrôles sur place à des procédures d’enforcement, en passant par une surveillance accrue et la mise en place de chargés d’audit».
Dans son rapport statutaire, PwC ajoute: «En conséquence, nous ne pouvons confirmer l’existence d’un système de contrôle interne relatif à l’établissement des comptes annuels» au sein de l’établissement. A la ligne suivante, il poursuit néanmoins en «recommandant d’approuver les états financiers».
Autre point du rapport 2022: une dépréciation extraordinaire de 14 millions de francs non justifiée. A nouveau, la banque n’a pas souhaité répondre à L’Agefi à cet égard. Néanmoins, le directeur général, Charles-Henri Sabet, a indiqué à la Tribune de Genève, mercredi, que cette somme était une «importante provision». Elle a été mise de côté à la suite d’une «erreur de paramétrage du système comptable», après l’identification par PwC «d’actifs qui ne pouvaient pas être certifiés», ajoute-t-il. Le CEO précise que le département financier de la banque a été restructuré depuis que le problème a été découvert.
Dans une dépêche de l’AWP, publiée mercredi également, le fondateur et dirigeant se réjouit par ailleurs de revenus en hausse, à 32 millions de francs en 2022. La perte s’établit, elle, à plus de 22 millions, dont 8 millions au plan opérationnel. Charles-Henri Sabet a ensuite répété son objectif de rentabilité pour 2023 auprès de l’agence de presse, tout comme il l’avait articulé en juin dans un entretien à l’AWP. Selon lui, Flowbank dépassera la barre des «50 millions de francs de revenus, avec un bénéfice entre 5 et 10 millions» pour l’exercice actuel. Le CEO compte sur un résultat de 75 millions de francs en 2024.
L’établissement a été recapitalisé par ses actionnaires à plusieurs reprises en 2022. La Tribune de Genève indique que deux augmentations de capital successives se sont produites «en amont de la découverte du problème comptable», selon le CEO. Ce dernier assure que les fonds propres de l’établissement sont passés de 13 millions fin 2022 à 51 millions aujourd’hui.
Dans le rapport annuel, la banque fait effectivement état de deux augmentations de capital l’an passé, pour un total de 9,6 millions d’actions d’une valeur nominale d’un franc.
L’actionnariat de la banque du quartier de Pont-Rouge est composé de sociétés majoritairement en mains de Charles-Henri Sabet, du gestionnaire européen de crypto-actifs CoinShares (31% du capital à fin 2022) ou encore de Reyl & Cie Holding (8%), société appartenant à la famille Reyl.
La banque située à Lancy emploie près de 130 salariés. Elle a été fondée par l’entrepreneur vaudois qui avait précédemment créé, dirigé puis vendu le portail de trading en ligne Synthesis au groupe danois Saxo Bank.
Selon la dépêche de mercredi, «de prochains changements au niveau de la gouvernance» sont attendus. La direction des investissements (CIO) est inoccupée depuis février, à la suite du départ d’Esty Dwek. A la même période, Sergio Peña a quitté le comité exécutif, mais il est resté directeur des ventes.
Alors que Flowbank travaille à l’ouverture d’une antenne à Dubaï, le média spécialisé en ligne Finews annonce un autre changement de direction, mercredi, qui touche la succursale zurichoise: Wenzel Mueller a été remplacé par Lowis Beuter.
*Précision apportée le 28 juin 2024 à 13h30: dans le paragraphe sur l'actionnariat de Flowbank, bien lire que c'est Reyl & Cie Holding qui détient 8% et pas le groupe bancaire Reyl.