Malgré la morosité sur les marchés mondiaux, la croissance observée depuis des années dans l’univers du capital-risque suisse s'est poursuivie en 2022. L’an dernier, les start-up du pays ont levé un total de près de 4 milliards de francs, contre un peu plus de 3 milliards en 2021. Depuis 2020, le capital investi a presque doublé, selon le rapport Swiss Venture Capital, publié ce jeudi par le portail Startupticker et la Swiss Private Equity & Corporate Finance Association (SECA).
Drainant une augmentation des investissements bien supérieure à la moyenne, les entreprises cleantechs ont reçu 826,9 millions de francs, dont notamment le méga-tour de table du zurichois Climeworks. La firme qui veut capter le CO2 de l’atmosphère a, à elle seule, levé 600 millions de francs en 2022.

Sur le podium, Zurich reste en tête avec plus de 2 milliards de francs d’investissements récoltés en 2022, soit plus de la moitié de ce qui a été levé sur l'ensemble de la Suisse. Les start-up vaudoises s’attribuent la deuxième place: elles ont bénéficié de près de 550 millions de francs: un score légèrement inférieur à 2021. Genève suit avec 463,1 millions de francs, alors que les investissements ont reculé à Bâle-Ville.
Patrick Barbey, directeur d’Innovaud, explique cette baisse dans le canton par «le nombre record de rachats» de jeunes pousses du territoire vaudois en 2022, alors que ces entreprises ont été «candidates à recevoir des fonds d'investisseurs (…) l’année précédente», indique-t-il dans un communiqué. A l’image de la société de Nyon MedAlliance, vis-à-vis de laquelle la multinationale américaine Cordis s'est engagée à payer jusqu'à 1,1 milliard de dollars.
Un ralentissement en vue
Maximilian Bölck, directeur des investissements chez Swiss Ventures Group, n'est pas surpris par cette évolution favorable. Il a avertit, auprès de l'agence AWP que «les conditions de base sont bonnes, mais pour de nombreuses jeunes pousses les coûts élevés et la fragmentation du marché du capital-risque constituent un problème». Raison pour laquelle de plus en plus souvent des sociétés étrangères de capital-risque participent aux rondes de financement en Suisse. Pour 2023, Maximilian Bölck anticipe un ralentissement autant au niveau des volumes que du nombre de rondes de financement. Les investisseurs possèdent certes d'importants moyens financiers, «mais n'investissent actuellement qu'à reculons». ('AGEFI avec AWP)