L’invité: Christian Petit
Sa fonction: Directeur général
Son entreprise: Romande Energie
Romande Energie s’attend toujours à une année 2023 «exceptionnelle», annonce Christian Petit dans «Be to B». Le producteur, distributeur de courant et fournisseur de services liés à l’énergie vaudois bénéficie d’un rattrapage «mécanique» de sa marge, sous pression l’an dernier. Sa participation dans Alpiq, un des plus grands producteurs d’électricité du pays qui profite de la hausse des prix, alimente aussi sa rentabilité. Au premier semestre, le groupe qui emploie près de 1300 équivalents plein-temps a vu son bénéfice opérationnel pratiquement doubler, à 120 millions de francs. «En 2024, nos résultats seront beaucoup plus conformes à notre historique», prévient Christian Petit.
Pour cet hiver, le CEO affiche sa confiance dans l’approvisionnement en électricité, malgré la guerre en Ukraine. Les barrages sont pleins, tout comme les réserves de gaz. «Je n’irai pas jusqu’à dire qu’on n’aura pas de pénurie parce que l’hiver peut être long, [mais] les fondamentaux sont meilleurs que l’année dernière», avance Christian Petit. Qui rappelle aussi que le parc nucléaire français «est en meilleure forme qu’il y a un an», un facteur important car la Suisse devient importatrice nette au plus fort de l’hiver. Au niveau des prix, si les fluctuations restent marquées sur le marché spot (au jour le jour), les tarifs à terme pour 2025 ou 2026 ont tendance à baisser, relève-t-il.
Autre défi, la décarbonation de l’économie. «Notre mission, entre guillemets, sera terminée le jour où le bâti de Suisse romande n’émettra plus de gaz à effet de serre», poursuit Christian Petit. Autrement dit, le jour où tous les chauffages de sources fossiles seront remplacés «par des pompages chaleurs ou des chauffages à distance à base d’énergie renouvelable ou de bois». La Suisse peut atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050, estime-t-il. Mais il faudrait «rénover trois fois plus vite les bâtiments que ce que nous faisons actuellement», continue Christian Petit. Or la main-d’œuvre pour y parvenir fait défaut.
Enfin, du côté de la mobilité, le second pilier de cette décarbonation, des progrès restent à accomplir. «Ce serait une erreur de tout miser sur la voiture électrique. Il va falloir qu’on change nos modes de mobilité», en recourant davantage aux transports publics ou au vélo, demande Christian Petit.