Credit Suisse subira "probablement" une perte au deuxième trimestre, après un premier partiel déjà dans le rouge. La banque a publié un nouvel avertissement sur résultats.
Le numéro deux bancaire helvétique a fait part mercredi de conditions de marché difficiles qui vont sans doute entraîner une perte pour la banque d'affaires mais aussi pour l'ensemble du groupe entre avril et fin juin. Il s'attend aussi à des répercussions sur sa participation de 8,6% détenue dans Allfunds.
L'année 2022 "restera une année de transition au vu de la seconde moitié de l'année", prévient Credit Suisse. La période actuelle est marquée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le net resserrement des politiques monétaires par les principales banques centrales en réponse à la montée significative de l'inflation ainsi que la fin des mesures de soutien liées au coronavirus, combinés à de "faibles mouvements de clientèle", notamment dans la région Asie-Pacifique.
Au sein de la banque d'affaires, les revenus liés à l'activité de conseil sont restés stables tandis que ceux du segment Global Trading Solutions (GTS) ont bénéficié de la forte volatilité par rapport à l'an dernier, même si leur évolution a été inégale.
Les conséquences de l'environnement actuel, conjugué au bas niveau des émissions sur les marché ainsi que l'élargissement des écarts sur crédit ont pesé sur l'évolution financière de la banque d'affaires aux mois d'avril et de mai, selon le communiqué.
Risque d'année faible ou dans le rouge
En réaction, la banque aux deux voiles assure accélérer les mesures de réduction des coûts dans tout le groupe, "avec pour objectif de maximiser les économies dès 2023". Davantage de détails seront fournis le 28 juin prochain. L'établissement se concentre sur la mise en oeuvre de sa stratégie, sur les "programmes d'assainissement réglementaire" ainsi que sur "l'ancrage de la gestion des risques au coeur de la banque".
Credit Suisse a déjà subi une perte au premier trimestre, atteignant 273 millions de francs, plus forte que celle enregistrée au premier trimestre de l'année précédente. L'exercice 2021 a été bouclé sur des chiffres rouges, avec un débours de 1,57 milliard de francs, dans le sillage du scandale Archegos, mais également de correctifs de valeur.
L'établissement de la Paradeplatz s'attend à une troisième perte trimestrielle d'affilée, note Vontobel. La principale coupable est la banque d'affaires, qui anticipe un quatrième trimestre dans le rouge sur les six derniers partiels. L'accent mis sur les économies à réaliser devrait une nouvelle fois éroder le moral du personnel et les revenus.
La Banque cantonale de Zurich avance que pour une banque en phase de restructuration ou de transition, luttant pour retrouver le seuil de rentabilité, un environnement de marché défavorable est un coup dur. Et l'accent mis sur les économies ne peut pas toujours constituer une base pour une future croissance des revenus. La ZKB déconseille de s'emparer du titre.
Avec une perte nette potentielle de quelques centaines de millions de francs au premier semestre, le marché pourrait commencer à s'attendre à un résultat faible voire négatif pour l'exercice 2022, soulignent les analystes d'UBS.
Rumeurs de rachat par State Street
Credit Suisse, qui vient de dévoiler un nouvel avertissement sur résultats, pourrait être racheté par le groupe financier américain State Street. Une offre de rachat pourrait être présentée rapidement. State Street prévoit une offre de reprise à 9 francs par action, une prime de 40% par rapport au cours actuel, a indiqué mercredi le portail Inside Paradeplatz, citant une source anonyme proche du dossier. L'offre valoriserait le groupe bancaire zurichois à 23 milliards de francs. Le rachat - imminent selon la source - s'effectuerait sous la forme d'une reprise amicale. Interrogée par AWP, une porte-parole de la banque aux deux voiles a refusé de commenter l'information. Dirigé par Ronald O'Hanley, State Street est un géant des services financiers dont le siège se situe à Boston et qui compte près de 39'500 employés. Ses avoirs sous gestion (AuM) se sont élevés l'année dernière à 4100 milliards de dollars (près 4000 milliards de francs) pour des recettes de 12 milliards et un bénéfice net de 2,7 milliards. L'établissement est présent depuis 1998 à Zurich via une filiale disposant d'une licence bancaire de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), dirigée par Dagmar Kamber Borens, qui a fait carrière chez UBS et Credit Suisse, a rappelé Inside Paradeplatz.
Clôture en forte hausse
La nouvelle a fait vivement réagir l'action Credit Suisse. Après avoir plongé suite à l'avertissement sur résultats, la nominative a terminé la séance en forte hausse de 3,8% à 6,96 francs à la Bourse suisse, après avoir brièvement refranchi la marque des 7 francs. L'indice vedette SMI a pour sa part abandonné 0,58%.(AWP)