Le titre Credit Suisse a ouvert en nette baisse jeudi à la Bourse suisse, après des résultats trimestriels affectés comme attendu par les affaires Greensill et Archegos, ainsi qu'une levée de fonds et des réprimandes de la Finma.
A 9h08, l'action de la banque aux deux voiles reculait de 4,4% à 8,97 francs, signant la plus mauvaise performance de l'indice vedette SMI (+0,31%).
Les chiffres trimestriels publiés par le numéro deux bancaire helvétique sont moins rouges qu'attendu. Le résultat avant impôts est ressorti en négatif à 757 millions de francs, après un résultat positif de 1,2 milliard un an plus tôt. La banque a subi une perte nette de 252 millions, contre un bénéfice net de 1,3 milliard au premier trimestre 2020.
La perte nette est moins mauvaise que les -722 millions de francs anticipés en moyenne par les analystes interrogés par AWP et le résultat avant impôts est supérieur aux -900 millions communiqués par Credit Suisse début avril. Les provisions pour perte de crédit de 4,4 milliards ont quant à elles été confirmées.
Au deuxième trimestre, la direction s'attend à un impact résiduel de 0,6 milliard de francs lié à la débâcle du fonds d'investissement américain Archegos. La banque affirme s'être séparée de 97% des positions financières du fonds.
Credit Suisse affiche toujours une capitalisation solide. Mesurée à l'aune des fonds propres durs (CET1), le ratio s'établissait à 12,2%, en baisse de 0,7 point par rapport à fin 2020. L'établissement de la Paradeplatz a néanmoins décidé de renforcer davantage ses fonds propres avec l'émission de deux obligations convertibles en actions à hauteur de respectivement 100 millions et 103 millions de titres.
Cette opération devrait permettre de lever environ 1,7 milliard de francs, a indiqué le directeur financier David Mathers lors d'une conférence de presse téléphonique.
"Au lieu d'afficher des résultats records grâce à l'activité sur le marché des capitaux, à l'instar de certains homologues américains, Credit Suisse a encaissé une perte au premier trimestre en raison d'une charge de 4,4 milliards de francs liées à Archegos", ont résumé les analystes de Vontobel dans une note.
La levée de fonds devrait permettre d'améliorer le ratio des capitaux propres de la banque de 55 à 60 points de base. Avec l'introduction en Bourse d'Allfunds, cela devrait permettre de relever le ratio de fonds propres durs (CET1) à 13%.
Mais si cette opération devrait dans l'immédiat lever les craintes quant à la solidité de la banque, "la réputation de Credit Suisse a subi des dommages importants, principalement dans son marché clé intérieur", ont ajouté les spécialistes, estimant que l'impact total de ces affaires se dévoilera courant 2021 et dans les années à venir, notamment au niveau d'éventuelles actions en justice.
La Banque cantonale de Zurich (ZKB) a également vivement critiqué la contre-performance de Credit Suisse, estimant que la banque avait bénéficié "d'un solide vent en poupe" mais avait "quand même plombé le trimestre".
"Un trimestre, qui a priori était porté par un produit et des afflux plus élevés qu'escomptés et où tous les indicateurs étaient dans le vert, a été totalement anéanti par deux litiges", ont-ils souligné.
Revenant sur la performance moins mauvaise qu'attendu, les analystes de l'établissement cantonal ont indiqué avoir sous-estimé la capacité de déduction fiscale de l'affaire Archegos. Ils ont cependant applaudi la performance au niveau de l'afflux d'argent nouveau qui a "presque pulvérisé" les attentes. (awp)