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COP26: les pays appelés à réhausser leurs réductions d'émissions dès 2022

Le texte, publié par la présidence britannique, appelle les pays signataires à réviser et renforcer leurs plans de manière à les rendre compatibles avec les objectifs de réchauffement de l'accord de Paris.

Ce texte, publié par la présidence britannique, appelle les pays signataires à "réviser et renforcer leurs plans de manière à les rendre compatibles avec les objectifs de réchauffement de l'accord de Paris".
Keystone
Ce texte, publié par la présidence britannique, appelle les pays signataires à "réviser et renforcer leurs plans de manière à les rendre compatibles avec les objectifs de réchauffement de l'accord de Paris".
10 novembre 2021, 13h34
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Le premier projet de document final de la COP26 maintient l'objectif de limiter à 1,5°C, au maximum 2°C, le réchauffement d'ici 2100. Il appelle les Etats à revenir dès l'année prochaine avec des plans conformes avec l'Accord de Paris. Pas suffisant selon les ONG.

Dans la nuit de mardi à mercredi, la présidence britannique de la COP a fait circuler pour la première fois plusieurs projets de textes. Ceux-ci vont toutefois encore faire l'objet d'importantes discussions d'ici la fin de la réunion vendredi et seront probablement révisés.

La Chine, l'Arabie saoudite ou encore l'Inde ont d'ailleurs toutes annoncé des objectifs de neutralité carbone moins rapides que ce que suggère le projet de document final. A 2060 pour Pékin ou Riyad et même 2070 pour New Delhi.

Le projet de document final appelle aussi à réduire les émissions de CO2 de 45% d'ici 2030 par rapport à 2010 et à la neutralité carbone d'ici 2050. Mais des efforts sont demandés dès l'année prochaine. Les Etats devraient revenir avec des plans de neutralité carbone en ligne avec l'Accord de Paris. Soit trois ans avant la date prévue pour la révision des contributions nationales, attendues tous les cinq ans.

Le WWF international salue cette anticipation mais ajoute que le projet constitue l'approche minimale à avoir. «Ce n'est pas assez», a immédiatement réagi de son côté la directrice exécutive de Greenpeace international. Elle estime que ce projet n'est pas adapté aux défis.

Accélérer la fin des subventions au charbon

Selon différentes évaluations, des efforts actuels des Etats, notamment ceux annoncés à la COP26, ne sont pas suffisants pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Ils permettraient au mieux d'atteindre 1,8°C, même si l'étude considérée comme la plus sérieuse arrive plutôt à 2,4°C. Lundi, l'ONU avait elle-même conclu que toutes les annonces ne changeraient pas vraiment son estimation d'il y a quelques mois d'un réchauffement de 2,7°C avec les actions prévues par les Etats actuellement.

Le projet de décision finale «appelle les parties à accélérer la fin des subventions au charbon et aux énergies fossiles», une première. «Nous, les ONG, avons poussé depuis longtemps pour ce résultat», a affirmé à Keystone-ATS à Glasgow l'expert climat du WWF Suisse, Patrick Hofstetter.

Le projet de décision relève également l'importance d'étendre l'adaptation au réchauffement climatique étant donné la multiplication des situations météorologiques extrêmes. Pas assez ambitieux, selon la directrice de Greenpeace, qui dénonce aussi le manque de résolution sur le financement. Dans le projet de texte, les Etats riches sont seulement appelés à rapidement augmenter le financement de l'adaptation des pays en développement au changement climatique.

Et leur promesse de mobiliser au moins 100 milliards de dollars par an dès 2020 n'a pas été honorée, provoquant la colère des ONG et de certains pays moins aisés. Les pays riches, de même que l'ONU, les institutions financières ou le secteur privé devraient également étendre leur assistance à ces pays pour les effets déjà observés du changement climatique.

Discussions sur le marché carbone

Et plusieurs autres projets de textes portent eux sur l'article 6 de l'Accord de Paris, l'une des composantes les plus discutées entre les Etats membres. Celui-ci permet à un pays d'alimenter ses efforts de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre en finançant des projets favorables au climat à l'étranger, soit dans un accord bilatéral, soit par un système international.

«Nous devons décider dans les prochains jours si la situation reste aussi mauvaise qu'actuellement ou si nous faisons un pas dans la bonne direction», ajoute Patrick Hofstetter.

Or le Brésil souhaite notamment la possibilité d'un double comptage, dans le pays contributeur et le pays récipiendaire. Une revendication contre laquelle la Suisse se bat et qui bloque depuis des années un accord vers un mécanisme légal «robuste» d'application de ce dispositif. Selon des sources convergentes, la délégation brésilienne pense un arrangement possible et aurait offert un compromis avec une solution dès 2030.

Cette approche brésilienne semble avoir été entendue. Un système uniforme pour appliquer les «ajustements correspondants» de ce dispositif entre Etats ne serait en vigueur qu'en 2031, selon le projet de décision. (ATS)