L’invité: Peter Brabeck-Letmathe
Sa fonction: Président
Son entreprise: Gesda
Demandez à Peter Brabeck-Letmathe ce qu’il pense des critères ESG qui guident les investisseurs pour l’environnement, le social et la gouvernance. Sa réponse: une approche excessive. Invité de la 100e émission de «Be to B», l’ancien dirigeant de Nestlé et actuel président de la Fondation Geneva Science and Diplomacy Anticipator (Gesda) préfère le concept «de la création de valeur partagée». «Aujourd’hui, on a la sensation que l’ESG est la seule chose qui devrait être dans la tête des entrepreneurs, critique-t-il. […] Si vous regardez les rapports [des entreprises], il y a 100 pages sur l’ESG et 30 pages sur les résultats financiers. Ce n’est pas correct.» Peter Brabeck-Letmathe appelle à un «bon équilibre» entre l’impact financier et l’impact social des entreprises.
Autre équilibre à trouver, dans les relations entre l’Occident et la Russie. Peter Brabeck-Letmathe s’inquiète de certaines sanctions contre la Russie. Il l’a dit lors du Congrès mondial des chambres de commerce, qui s’est déroulé la semaine passée à Genève. Boycotter le négoce de pétrole ou de gaz russe, oui, mais les citoyens russes, comme les artistes et les scientifiques, devraient pouvoir continuer de se déplacer, plaide-t-il.
Une page d’histoire est évoquée par l’entrepreneur pour éclairer sa position sur la Russie. Pendant l’apartheid, Nestlé avait maintenu ses activités en Afrique du Sud pour que «l’alimentation ne soit pas utilisée comme une arme». Plus tard, il a eu l’occasion d’en parler avec le premier président noir du pays, Nelson Mandela: «Il m’a dit, politiquement, ce n’était pas bien, mais nous étions très contents que vous soyez restés.» Pour Peter Brabeck-Letmathe, c’est lorsqu’il y «a beaucoup de pression que vous savez si vous êtes un leader ou pas». Pression des actionnaires, des employés, des clients, ou des politiques…
Désormais président du Gesda, soutenu et créé en 2019 par la Confédération et par le canton, Peter Brabeck-Letmathe prépare la mise sur pied de l’Open Quantum Institute. Il s’agit d’anticiper «les conséquences de cette nouvelle technologie informatique, beaucoup plus puissante que les ordinateurs actuels», détaille-t-il. Tout en remarquant que «personne ne s’est rendu compte» de l’arrivée de ChatGPT.
