Le marché des actions suisse a récupéré de sa chute brutale intervenue en mars dernier et causée par la pandémie de Covid-19. L’évolution de l’indice SPI (qui inclut les dividendes) sur l’année le montre avec un gain minime. Tandis que le SMI (sans les réinvestissements) affiche encore un léger recul de 2%. Si les grandes sociétés qui composent le SMI ont bien résisté, bon nombre de petites et moyennes capitalisations ont aussi contribué à la remontée du SPI.
«On assiste à une reprise en V des actions suisses, avec une surperformance des petites et moyennes capitalisations», a déclaré jeudi lors d’une présentation à la presse, Christian Arnold, responsable de la recherche Industrie au sein de la banque d’affaires américaine Stifel à Zurich (elle a repris cette année le courtier en actions suisses MainFirst). Certaines sociétés, parmi lesquelles Sika, SIG Combibloc, Belimo, Interroll ou Logitech, affichent même une hausse sensible en comparaison de la fin de 2019.
Cette reprise boursière n’est-elle pas trop rapide alors que la plupart des économistes anticipent une évolution économique prenant la forme d’une courbe en U? Deux à trois années seront sans doute nécessaires pour retrouver le niveau de 2019. C’est aussi l’avis de la banque Stifel, désormais présente à Zurich.

«Le sentiment du marché boursier est clairement positif. L’optimisme prévaut en ce moment, si bien qu’une rotation en faveur des valeurs cycliques se produit depuis plusieurs semaines, mais les risques ne doivent pas être sous-estimés», avertit encore Christian Arnold.
Le consensus actuel des analystes sur les estimations de bénéfices pour 2020 et 2021 étaie le niveau actuel du marché, selon Bloomberg. A cela s’ajoutent les politiques accommodantes des banques centrales.
Les entreprises ont globalement bien résisté, à l’aune de leurs résultats et marges d’exploitation. Les valeurs industrielles ont profité dans l’ensemble d’une baisse des prix des matières premières. La donne risque cependant de changer au fur et à mesure d’une reprise de la conjoncture mondiale.
«La valorisation des valeurs de qualité est déjà très élevée. Elle se traduit par une prime par rapport à la moyenne du marché. Des nouvelles moins bonnes qu’attendu peuvent ainsi entraîner une baisse des cours», relève aussi Christian Arnold. Ce qui n’empêche pas la banque américaine de conseiller à l’achat Sika (leader mondial de la chimie de construction) et SIG Combibloc (numéro deux mondial des emballages aseptiques en carton, derrière Tetra Pak).
Sika recèle un potentiel considérable en termes de croissance interne et externe ainsi que d’amélioration de la marge, d’après Stifel. On le verra mieux à partir de 2021. SIG Combibloc, de son côté, dispose d’une plus grande base de croissance suite à la reprise complète de la coentreprise avec le groupe d’Arabie Saoudite Obeikan Investment Group. Cette acquisition accentuera sa présence au Proche-Orient et en Afrique.
Moins spectaculaire sur le plan de la croissance, le fabricant d’équipements ménagers, V-Zug, apparaît comme négligé par le marché. «Pourtant, son potentiel de développement à l’international est intéressant. Par ailleurs, sa position sur le marché suisse s’avère très forte, notamment grâce à un service efficace et plus rapide que celui de la concurrence», souligne à ce sujet Christian Arnold. Ce qui incite l’analyste à recommander cette firme.