Champion de haut niveau de l’ONU pour le changement climatique, Mahmoud Mohieldin a alerté, lors du troisième jour de Building Bridges, sur la disponibilité des fonds pour les pays du Sud, qu’il a qualifié d’«insuffisants, inefficaces et non équitables». L’augmentation du financement de la lutte contre le changement climatique doit atteindre la barre des mille milliards d’euros et bénéficier notamment aux pays du Sud, qui ont le plus besoin de capitaux pour assurer la transition, car ils sont très en retard. L’économiste s’est également exprimé sur les 130.000 milliards de dollars promis par Mark Carney pour sauver la planète via la Glasgow Financial Alliance for Net Zero. «Si l’argent est là, où sont les projets susceptibles d’être financés par les banques?».
« If the money is there, where are the pipeline projects ? » asks @MMohieldin27 refering to the #GFANZ alliance launched by @MarkJCarney two years ago @BBridgesCH
— Laure Wagner (@Laure_Wagner) October 4, 2023
Pour rappel, deux ans se sont écoulés depuis le lancement de l’alliance annoncée par le chantre de la finance verte. A-t-elle réellement honoré ses engagements ou était-ce simplement une opération de communication pour attirer l’attention médiatique? Notre factchecking répond à cette question.
#BuildingBridges23 Electrification, nature and materials are the three main challenges of #EnergyTransition according to Hubert Keller from @lombardodier @BBridgesCH @Ageficom
— Laure Wagner (@Laure_Wagner) October 4, 2023
Lancement du Swiss Stewardship Code
L’Asset Management Association Switzerland (Amas) et Swiss Sustainable Finance (SSF) élaborent un code suisse de bonne gestion pour créer des conditions de concurrence équitables entre les gestionnaires d’actifs, les propriétaires d’actifs et les prestataires de services.
«Nous voulons lancer ce code pour voir s’il est efficace mais il va évoluer avec vos remarques», a précisé Adrian Schatzmann, président de l’AMAS.
Le code, qui s'appliquera sur une base volontaire, a également été préparé par @SwissSustFin, a rappelé sa directrice juridique Katja Brunner. Cette dernière recommande aux entreprises de déclarer leur adoption sur leur site internet.
— Pascal Schmuck (@schmuckpascal) October 4, 2023
«Ce code donne des lignes claires pour faire les choses correctement dans toute la chaîne de création de valeur», a souligné Matteo Passero, analyste Investment Stewardship chez UBS.
Investissement ESG actif

Dans une session dédiée aux innovations financières susceptibles d’accélérer la transition énergétique, plusieurs voix se sont fait entendre en faveur du désinvestissement, en tant que levier qui doit pouvoir être actionné. D’abord celle de Florence Hugard, du centre Enterprise for Society (E4S) de l’EPFL, qui propose de l’utiliser à l’encontre des entreprises récalcitrantes, qui n’affichent pas d’intention d’enclencher le processus de transition ou qui ne sont pas en mesure de le faire.
Une intention réitérée par Jann Ewerhart du Groupe Pictet: «N’ayons pas peur d’utiliser notre voix, le désinvestissement doit être une option». Christoph Baumann, chargé de finance durable au Département fédéral des finances, a salué l’évocation de ce levier, se disant «fatigué d’entendre dire que l’exclusion n’a pas sa place dans la transition énergétique». Selon le spécialiste, «on ne peut pas instaurer une stratégie d’engagement efficace sans avoir aussi un bâton dans la main».
📉 Comme frein à l'investissement, J.E. cite la perception erronée d'un risque plus élevé sur certains marchés émergeants, comme l'#Afrique. «J'ai grandi en Asie dans les années 90 et c'était pareil. Désormais on ne peut plus se permettre de ne pas investir en Asie.» @BBridgesCH
— AGEFI Suisse (@Ageficom) October 4, 2023
Comment notre système énergétique va changer ?
D'ici à 2030, 25.000 milliards de dollars d'investissements seront déployés dans l’électrification dans le monde d’après une étude de LOIM Research, citée par Jean-Pascal Porcherot Managing Partner, chez Lombard Odier, lors d'une session dédiée à l'avenir de l'électricité.
En 2017, une voiture vendue sur 80 était un véhicule électrique. Aujourd’hui, une voiture achetée sur 7 est alimentée par une batterie. D’ici 2030, ce sera 1 sur 1,6, soit 63% du marché, ce qui entraîne d’énormes perturbations dans la chaîne de valeur sur le marché des voitures particulières. Les semi-conducteurs font déjà l’objet d’une forte demande dans tous les secteurs.
#BuildingBridges23 🌿Agustín Delgado - @iberdrola cite trois secteurs sur lesquels se concentrer pour convaincre la demande : le transport, le résidentiel, et le chauffage. @Ageficom @BBridgesCH pic.twitter.com/soRbunEDCa
— Marine Humbert (@MMarineHumbert) October 4, 2023
«Pour accélérer l'électrification, il faut aussi miser sur la digitalisation. Il n'y a pas de mauvais client, mais le processus de transition doit être agile pour le client», a complété Vincent Minier, vice-président d'Energy Transition Research chez Schneider Electric.
Du côté de l'offre, Kristen Panerali, Head of Clean Power and Electrification au sein du Forum économique mondial (WEF), alerte sur les contraintes au niveau du terrain constructible, qui sont selon elle, plus contraignantes pour la croissance des projets d'électrification que le déficit de main d'oeuvre dans le domaine électrique.
#BuildingBridges23 "Le business model est à revoir: les risques climatiques doivent mtn en faire partie. Les investisseurs ont un mandat pour faire des profits mais pas pour investir dans le renouvelable. Ce n'est pas normal" -Camilla Nilsson CEO Kyoto Group @BBridgesCH @Ageficom
— Marine Humbert (@MMarineHumbert) October 4, 2023
Par où commencer pour verdir les portefeuilles immobiliers?
Au terme d’une longue session, c’est le besoin en législation qui a émergé comme l’élément susceptible d'accélérer tout le reste, plébiscité à la fois par le public via un sondage et par deux des quatre membres du panel. «Il faut attaquer le problème à la racine. Nous avons besoin de lois pour l’immobilier. Nous pouvons légiférer sur tout le reste, sur la finance, mais tout cela est accessoire», a déclaré le président de l'AMAS Adrian Schatzmann. Un avis partagé par Eric Jondeau, professeur en finance à l’UNIL.
Pour Alexandros Gratsias, spécialiste durabilité à la banque Safra Sarasin, l'industrie doit se fixer des objectifs annuels, puisqu’il faudra de toute façon arriver à la neutralité carbone. Les lois, elles, suivront. Olivier Seux, responsable de l'immobilier de la banque Mirabaud, voit une opportunité pour les investisseurs dans la rénovation du parc immobilier, pour autant que ceux-ci adoptent une approche différente pour ce type de projet, en acquérant plus de biens pour atténuer les risques.
#BuildingBridges23 🏙️ #Immobilier «Les conditions actuelles du marché, surtout pour l'immobilier commercial, sont une immense opportunité, mais nous devons passer la vitesse supérieure», le message d'Olivier Seux de @Mirabaud_AM. @BBridgesCH
— AGEFI Suisse (@Ageficom) October 4, 2023
Interrogé à propos de la nécessité de créer de nouveaux indicateurs pour évaluer les besoins, Adrian Schatzmann a recentré la discussion sur le changement climatique, qui se perd de vue selon lui à force de se concentrer sur des détails techniques. «On ne résoudra pas la question seuls dans notre coin, on a besoin de l'économie réelle», a-t-il ajouté.
#BuildingBridges23 🏙️ Pour Adrian Schatzmann de l'#AMAS, «Il ne faut pas perdre de vue que le problème, c'est le changement climatique. Ajouter encore des #indicateurs nous donnera peut-être plus de granularité pour décrire le problème, mais ça ne le résoudra pas.» @BBridgesCH
— AGEFI Suisse (@Ageficom) October 4, 2023
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