Dans un atelier consacré à la finance dans la post-croissance, Peter Haberstich a appelé à «réduire la dépendance de notre société à la croissance».
"We need to reduce our society's dependence on growth", urges @PeterHaberstich from @gpsuisse in a session about post-growth economy at #BuildingBridges23 @BBridgesCH @Ageficom
— Laure Wagner (@Laure_Wagner) October 5, 2023
Pour le responsable de la campagne sur le changement climatique et la finance durable chez Greenpeace Suisse, les deux principaux modèles d’affaires des acteurs financiers sont la gestion d’actifs et les activités de dépot et de crédit. Celles-ci alimentent la croissance et en dépendent, explique-t-il.
«Il faut chercher d’autres modèles d’affaires et voir comment les banques peuvent gagner de l’argent d’une autre manière tout en aidant les entreprises à survivre», selon Peter Haberstich. Par exemple: les banques pourraient notamment réduire leurs activités de crédit, après avoir généré du capital.
La transparence en question
Une autre session était consacrée à l’activisme, comme moteur du changement dans la finance.
«Des progrès ont été faits», estime Elisa Vacherand, qui pilote la stratégie de la pratique financière du WWF. «Les banques demandent des recommandations spécifiques. Nous pouvons les aider à passer de leurs engagements à la mise en œuvre», estime-t-elle.
«We are progressing, banks are asking for specific recommandations. […] We can help them to move from their commitments to implementation», @ElisaVacherand @WWF_Suisse @BBridgesCH @Ageficom pic.twitter.com/xHE8TGpY4A
— Frédéric Lelièvre (@FjLelievre) October 5, 2023
«Il y a 15 ans, la stratégie ESG faisait partie du département marketing des banques. Aujourd’hui, elle est au niveau du conseil d’administration», abonde Marie-Laure Schaufelberger, responsable de la mise en place de cette stratégie pour le groupe Pictet, et l’une des organisatrices de Building Bridges.
«15 y ago, #ESG was in marketing department. Now it is at the board level», @MarieLaureScha1 @PictetGroup @BBridgesCH @Ageficom pic.twitter.com/ETuUy7I5PS
— Frédéric Lelièvre (@FjLelievre) October 5, 2023
Pour Peter Haberstich, le principal défi reste le manque de transparence. «Pour pouvoir changer les choses auprès des banques, on a d’abord besoin de savoir ce qu’elles font».
«We simplify things to make them understandable», @PeterHaberstich @greenpeace_ch @BBridgesCH @Ageficom #buildingbridges23 pic.twitter.com/wkZja59YQx
— Frédéric Lelièvre (@FjLelievre) October 5, 2023
La scientifique et militante Julia Steinberger évoque l’«éléphant dans la pièce»: comment avoir une discussion sur le militantisme à Building Bridges alors que la conférence elle-même est contestée par les militants climatiques? Lundi, le collectif BreakFree avait déversé un tas d’ordures devant le centre où se tient la conférence pour dénoncer une opération de greenwashing, rappelle Julia Steinberger.
Celle qui a contribué à rédiger le rapport du GIEC fustige encore la possibilité pour certains participants de faire sur scène des déclarations qui frisent avec le climatosceptisme, sans que personne ne relève la chose.
#BuildingBridges 🔴«Des énormités ont été dites à @BBridgesCH sans que personne ne les remette en cause», dit la scientifique @JKSteinberger, citant les interventions d'Alain Berset et de Sergio Ermotti. «Nous devons nous opposer à ce pouvoir et le dénoncer».
— AGEFI Suisse (@Ageficom) October 5, 2023
«En participant à cet événement, nous contribuons à l’écoblanchiment», a ajouté la scientifique, qui appelle à «s’opposer au pouvoir et à lui demander des comptes».
Faut-il changer le système de l’intérieur ou de l’extérieur? Peter Haberstich de Greenpeace encourage à ne pas choisir, incitant les personnes actives dans le secteur bancaire à faire du militantisme dans le cadre de leurs fonctions, comme à l’extérieur. «Soyez des militants et soyez des lobbyistes pour défendre le climat», appuie Laurent Matile, d’Alliance Sud.
Exclure les activités nocives pour l’environnement
En 2022, les pertes économiques mondiales dues aux catastrophes naturelles se sont élevées à environ 275 milliards de dollars. Seule la moitié de cette somme était assurée.
Le WWF est parti de ce constat pour mener une étude sur le rôle du secteur de l’assurance vis-à-vis de la biodiversité et du climat, en collaboration avec le cabinet de conseil Deloitte. Les conclusions de ce rapport publié le 13 septembre dernier ont été présentées dans un atelier organisé à Building Bridges mercredi.
Notre article:
Vers une gestion de fortune plus responsable
Dans un atelier interactif avec des étudiants, l’Association des banques privées suisses (ABPS) et l’Association Suisse des Gestionnaires de fortune (ASG) ont dressé la liste des problématiques pour le gestionnaire de fortune de demain.
Les gestionnaires de fortune peuvent-ils forcer leurs clients à investir dans des fonds durables se sont interrogés les étudiants. Non répond Jan Langlo, le directeur de l’ABPS, mais ils peuvent mettre en place des incitations.
Les gestionnaires de fortune peuvent-ils forcer leurs clients à investir dans des fonds durables? Non répond l’Association de Banques Privées Suisses, dans un atelier organisé avec des étudiants à #BuildingBridges23 mais ils peuvent mettre en place des incitations @BBridgesCH
— AGEFI Suisse (@Ageficom) October 5, 2023
C’est l’une des mesures préconisées dans le deuxième rapport sur la finance durable publié conjointement avec l’ABG le mois dernier.
Notre interview avec Grégoire Bordier le président de l’ABPS:
Comment mettre en œuvre les Swiss climate scores? Rosa Sangiorgio, responsable ESG à la Banque Pictet, Jérôme Eschbach, responsable durabilité de BNP Paribas et Ilan Jacobs, spécialiste ESG auprès de Citibank ont débattu avec L'Agefi, le tout illustré par Pécub.
#BuildingBridges23 🌱 Notre dessinateur #Pécub ajoute une touche d'humour à notre discussion «Mise en œuvre des principes suisses de l'#ESG, soyons concrets!» @BBridgesCH pic.twitter.com/wNHjREL2wS
— AGEFI Suisse (@Ageficom) October 5, 2023
L'action climatique selon Sebastião Salgado
Trois millions d'arbres plantés en quelques années en Amazonie pour faire revenir la biodiversité là où elle avait disparu, c'est la réussite de Sebastião Salgado et de sa femme sur leur propriété au Brésil. Connu mondialement pour ses clichés noir-blanc qui décrivent la réalité sociale et le disparition de biodiversité, le photographe a partagé avec le public de Building Bridges son cheminement vers l'action, depuis ses débuts comme économiste auprès de la Banque Mondiale, à la photographie, puis à l'action environnementale.
«Nous avons désormais le plus large projet écologique sauvage au Brésil, avec 3 millions d'arbres replantés. Et la #biodiversité est revenue!», dit @sebastiao_art, partageant un avant-après de cette région qu'il a contribué à reboiser. pic.twitter.com/PUqzUwUdHV
— AGEFI Suisse (@Ageficom) October 5, 2023
Lors de l'évenement de clôture de Building Bridges, la co-présidente du Club de Rome, Sandrine Dixson-Declève a expliqué que les responsables politiques ont deux choix devant eux: aider les démocraties ou poursuivre la course à la croissance. Selon elle, la technologie n'est pas en mesure de résoudre la crise climatique. Pour «construire des ponts», elle considère qu'il faut mettre en place «un nouveau plan Marshall» qui aboutisse à «un vrai changement de paradigme économique».
#BuildingBridges23 «On pense que la technologie va résoudre le changement climatique, mais la seule technologie qui pourrait nous aider, c'est une machine à remonter le temps». @SDDecleve appelle à se détourner de la croissance économique lors de la clôture de @BBridgesCH
— AGEFI Suisse (@Ageficom) October 5, 2023
L'entrepreneur Paul Polman a estimé de son côté que des progrès ont été faits, mais il faut aller plus loin. «L'argent qu'on dépense pour réparer nos erreurs du passé est insensé», a-t-il relevé. Le militant pour le climat appelle à passer à la prochaine étape: «le passage d'une économie résiliante à une économie regénérative».
Collaboration: Catherine Rüttimann et Laure Wagner ('AGEFI)