Vendredi à 15h34, heure suisse, ils auraient dû être tous rassemblés dans leur nouveau bureau de Chavannes-sur-Renens pour assister, ensemble, au décollage du lanceur Falcon 9 de SpaceX.
«Nous ferons tout de même un événement qui rassemblera notre soixantaine de collaborateurs, mais en ligne», précise Laurent Vieira de Mello, Chief Operating Officer d’Astrocast. La fusée décollera de Cape Canaveral en Floride. Dans sa coiffe: cinq satellites miniatures de l’entreprise vaudoise. Ces équipements au volume d’une boîte à chaussures rejoindront les deux appareils déjà en orbite du premier opérateur satellitaire du pays.
Ce lancement marquera un tournant pour l’entreprise fondée en 2014. «Jusqu’ici, nous avons développé nos produits. Ensuite, grâce à nos satellites de démonstration lancés en décembre 2018 et avril 2019, nous avons testé notre système auprès d’une vingtaine de clients pilotes», raconte l’ingénieur de formation. Mais dès avril, la jeune société offrira un véritable service commercial.
Réseau actif dès avril
Très concurrentiel, le marché des constellations est tiré par des projets mastodontes comme Starlink de SpaceX ou Kuiper Systems d’Amazon qui visent une meilleure couverture internet. Mais Astrocast s’est positionné sur un segment plus spécifique. La compagnie vend des kits de développement IoT qui tiennent dans la main. Les clients intègrent ces modules aux infrastructures qu’ils veulent surveiller, notamment dans des lieux mal couverts par les réseaux cellulaires comme les pays émergents ou les zones maritimes. Les terminaux sont par exemple fixés sur des animaux marins par Wildlife Computers, active dans la surveillance de la faune sauvage; ou accrochés par Marine Instruments sur des bouées à capteurs utiles aux pêcheurs. La promesse de connecter les zones oubliées de la planète intéresse particulièrement les milieux humanitaire, météorologique, ferroviaire ou de l’énergie. «Nos perspectives se présentent notamment en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en Océanie», commente Fabien Jordan, CEO d’Astrocast.

Plus performants que leurs deux prédécesseurs, les cinq nouveaux satellites formeront la base de la future constellation commerciale d’Astrocast. Flottant à une altitude située entre 500 et 600 km, le réseau sera complet en 2023. Il sera alors composé de 80 appareils dont les prochains à l’agenda s’envoleront en juin et en décembre. «Nous visons une cadence de 30 à 40 satellites par an», décrit le COO.
Pas de nouveaux débris spatiaux
En six ans d’existence, la société née à l’EPFL Innovation Park a levé 22 millions, principalement investis dans ses effectifs et infrastructures. Ainsi, chaque satellite coûte environ un demi-million de francs. «Comptez 200.000 à 250.000 francs pour la production et à peu près la même chose pour le lancement», souligne Laurent Vieira de Mello.
Les cinq satellites vaudois qui rejoindront le ciel jeudi ont une durée de vie de cinq ans, délai après lequel Astrocast les remplacera au vu des évolutions technologiques. Pour autant, la compagnie ne veut pas contribuer à la vaste déchèterie spatiale qui flotte au-dessus de nos têtes. Fabien Jordan assure: «A bord de nos satellites, des systèmes de propulsion miniaturisés leur permettent d’effectuer des manœuvres précises. A terme, cela nous donne la possibilité de les désorbiter afin qu’ils se décomposent complètement dans l’atmosphère». Deux appareils éviteront néanmoins ce sort inéluctable: Kiwi et Hawaii, les premiers satellites de démonstration d’Astrocast qui, à leur retraite, seront offerts à la communauté des radios amateurs.
Congratulations to @ClearspaceToday for signing the world’s first debris removal mission contract. @strocast is proud to share the Swiss space ecosystem and the vision of a #cleanspace with such a talented team!https://t.co/RbNPximBfa#innovation #swissspace #newspace pic.twitter.com/LvEfosmUKg
— Astrocast (@strocast) December 3, 2020