Des «boursicoteurs en pyjama», des «glandeurs oisifs», des «jeunes désœuvrés par le confinement»: la presse n’est pas tendre avec les trois millions de membres du forum WallStreetBets et leurs homologues d’autres réseaux. Ce sont pourtant ces geeks qui ont fait mettre un genou à terre à Melvin Capital, un mastodonte disposant de 12 milliards d’actifs sous gestion et de l’appui d’une poignée d’autres colosses du monde des hedge funds. Or, pour mener une opération d’une telle envergure, il faut avoir compris les rouages du système.
L’action GameStop a donc été l’objet d’un bras de fer inédit dans l’histoire de Wall Street. D’un côté, ces néo-investisseurs qui ont su maîtriser les rouages du système financier. Une communauté suffisamment grande de petits acteurs qui ont rejoué la scène de David contre Goliath. De l’autre, des vendeurs à découverts qui misaient sur une chute, largement surestimée, et ont perdu beaucoup. De quoi inquiéter de nombreux acteurs et régulateurs. «Power to the players»: le slogan de la marque GameStop, adopté en 2007, résonne presque prophétiquement aujourd’hui.
Merci aux courtiers en ligne. Ces nouvelles plateformes technologiques ont ouvert les vannes de l’accès à la Bourse, en abaissant considérablement les coûts de transaction. Elles sont un tremplin vers davantage de démocratie actionnariale. Parce que c’est bien de démocratie dont on parle: la tempête autour de GameStop est symptomatique d’une rage collective contre le système financier et ses iniquités. Oui, les petits porteurs ont été enthousiasmés par leurs gains, mais surtout par une volonté irrationnelle de déséquilibrer un géant de la spéculation. Leur détermination a été dopée par l’envie de faire un bras d’honneur aux baby-boomers qui composent l’élite financière. To be continued.
