La votation sur la loi climat déchaîne les passions et personne ne s’en plaindra. En effet, la lutte contre le réchauffement climatique constitue bien un sujet existentiel.
Les opposants ont raison de s’inquiéter des conséquences de la transition énergétique. Mal mise en œuvre, elle peut se révéler socialement très régressive. Les défenseurs du texte ont donc tout intérêt à répondre à ces craintes. Trois points méritent en particulier d’être clarifiés.
Premièrement, la transition ne sera pas brutale. La neutralité carbone est visée d'ici à 27 ans, presque une génération. Les acteurs ont donc le temps de s’adapter. Mieux, ils pourront recevoir des aides financières pour le faire.
Deuxièmement, la transition renforcera la sécurité énergétique de la Suisse. Les fortes variations de prix récentes ont mis en avant la fragilité du mix actuel, extrêmement dépendant aux importations de pétrole ou d’électricité française. Le déploiement du renouvelable tout comme la réduction des gaspillages permettront de reprendre le contrôle sur les quantités consommées, et donc sur les prix. Ne rien faire, c’est s’exposer à des prix toujours plus élevés.
La neutralité carbone visée sera «nette». Cela signifie que du CO2 continuera d’être émis en 2050, mais qu’il sera compensé ou séquestré
Frédéric Lelièvre
Troisièmement, la neutralité carbone visée sera «nette». Cela signifie que du CO2 continuera d’être émis en 2050, mais qu’il sera compensé ou séquestré. D’ailleurs, et c’est une chance sous-évaluée, un des leaders mondiaux de la capture du carbone, Climeworks, est suisse. De quoi donner confiance au peuple dans les capacités du pays à relever le défi du climat.
On ne peut dès lors qu’inviter les opposants à reconsidérer leur position. D’autant que pour nombre d’entre eux, la loi climat correspond parfaitement à leur ADN politique, soit la défense de l’indépendance de la Suisse. Voilà d’ailleurs le paradoxe, incompréhensible, de cette campagne.