Une crise politique historique aux Etats-Unis, vraiment? C’est la question que l’on peut se poser en observant Wall Street. La Bourse américaine, si prompte à intégrer toute nouvelle et à déclencher un «krach» à la vitesse de la lumière, n’a en effet pas dévié de sa trajectoire. L’indice Dow Jones s’est même offert un nouveau record, alors qu’une horde sauvage s’emparait du Capitole.
Les places asiatiques puis européennes sont elles aussi restées insensibles à ces scènes surréalistes déstabilisant la plus grande puissance économique de la planète. En Suisse, il était même ironique d’apprendre le matin suivant que le géant du ciment LafargeHolcim dépensait des milliards pour renforcer sa présence dans ces mêmes Etats-Unis.
Le marché a toujours raison, l’adage est bien connu. La stabilité des places financières s’explique par l’absence d’impact économique direct de cet instant tragique. Mieux encore, la victoire démocrate au Sénat, remportée au même moment, leur fait espérer un soutien budgétaire plus important que si Joe Biden avait dû composer avec un Congrès divisé.
Les petits pays comme la Suisse ont tout à perdre d’un affaiblissement de l’ordre juridique américain.
Voilà pour le court terme. A plus longue échéance, la violence à l’encontre des institutions américaines est très inquiétante pour toutes les démocraties. Phare du monde libre, les Etats-Unis voient leur Etat de droit, déjà malmené par quatre années de présidence Trump, un peu plus fragilisé. Il est à espérer qu’ils trouvent les ressources pour se ressaisir.
Les petits pays comme la Suisse ont tout à perdre d’un affaiblissement de l’ordre juridique américain. Incapables de l’appliquer chez eux, comment les Etats-Unis pourraient-ils résister à l’autre puissance incontournable, la Chine? Une puissance qui place le parti communiste au-dessus de tout. La dernière répression des démocrates de Hong Kong ou la disparition de Jack Ma n’en sont qu’une nouvelle démonstration.