L’accord-cadre est mal parti. C’est un euphémisme! Le texte ambitionne de consolider la voie bilatérale entre la Suisse et l’Union européenne. Cependant, il est attaqué de toute part, ou presque.
La Suisse ouvrirait toute grande sa porte aux «juges étrangers» ou faciliterait le «dumping salarial», assurent les détracteurs du texte. Pire, l’accord institutionnel serait largement inférieur à celui que Boris Johnson a négocié pour le Brexit. En face, bien rares sont ceux à défendre ce texte de 34 pages, y compris le Conseil fédéral dont le silence a été jusqu’ici assourdissant.
L’accord est-il donc mort-né? Il est à espérer qu’un débat plus rigoureux ait enfin lieu. L’enjeux est majeur pour l’économie suisse qui ne peut se couper de son principal partenaire commercial, d’autant plus qu’il l’encercle géographiquement.
Le gouvernement est sorti de sa torpeur
Frédéric Lelièvre
Il importe donc de réellement lire et comprendre ce texte afin de mesurer ce qu’il autorise de faire ou pas. Il importe aussi de rappeler que sa négociation a amené l’UE à octroyer des concessions. Comme celle de permettre aux industries suisses de se défendre dans un cadre juridique renforcé. Le droit protège d’abord les faibles face aux puissants.
Avant de voter, sera-t-il possible de ramener un peu de raison dans une discussion pour le moment si émotionnelle? Le Conseil fédéral tient les clefs de cette question. Il lui revient de défendre un texte qu’il a lui-même négocié. De mener le travail pédagogique nécessaire pour vulgariser ce dossier complexe. De démontrer qu’il défend la Suisse dans son ensemble, réalisant cette fameuse «pesée d’intérêts» qu’il ne cesse d’invoquer lorsqu’il décide de nouvelles mesures dans la crise pandémique. La visite à Bruxelles ce jeudi de Livia Leu, la négociatrice en chef, constitue en cela une bonne nouvelle. Elle prouve que le gouvernement est sorti de sa torpeur.