Catherine Lance Pasquier
FER Genève - Directrice adjointe de politique générale
10 septembre 2020, 11h43
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Conférences de presse, articles, affichage, la campagne autour de l’initiative de limitation bat son plein. Parmi tous les produits et visuels qui fleurissent ces jours, l’affiche choisie par les partisans de l’initiative laisse songeur. Passons outre son manque de finesse et attardons-nous sur sa représentation d’une Suisse écrasée par l’Union européenne (UE).
Cette image fait peu de cas de l’histoire, puisque la voie bilatérale a été développée par la Suisse pour construire ses relations avec son principal partenaire, après le rejet par le peuple de l’adhésion à l’espace économique européen. L’édifice des accords bilatéraux a été patiemment construit au fil des années, en coopération avec l’UE.
Soutenus par la population à maintes reprises, ces accords pragmatiques, taillés sur mesure, ont largement fait leurs preuves.
L’initiative a pour objectif la résiliation des accords bilatéraux, sans proposer aucune alternative valable. Et d’ailleurs, de quelle autre option la Suisse dispose-t-elle en-dehors de la voie bilatérale? L’adhésion à l’UE? L’isolement? Seule la voie bilatérale recueille aujourd’hui le soutien de la majorité de la population et permet de répondre aux besoins de la Suisse. Une acceptation de l’initiative provoquerait une crise durable, dans une période marquée par les difficultés économiques et les enjeux sanitaires.
L’affiche et sa Suisse écrasée fait aussi peu de cas de la réalité. L’UE n’est pas un partenaire comme les autres. La moitié des exportations suisses part vers l’Europe et les régions voisines représentent une importance commerciale considérable. Mais l’UE est bien plus que le meilleur client des entreprises suisses ou le premier partenaire en matière d’investissements directs.
Comment occulter les relations étroites entre la Suisse et l’UE au quotidien, en termes de recherche et d’innovation, de transports, de santé, de sécurité, d’environnement, de formation ou encore d’agriculture? La fermeture des frontières au plus fort de la crise du Covid-19 a rappelé la force de l’interdépendance dans les régions frontalières, à Genève, en Suisse orientale ou dans l’arc jurassien. La Suisse, au cœur du continent européen, partage une véritable communauté de valeurs et de destin avec ses voisins.
Finalement, l’image d’une Suisse écrasée présente une vision peu valorisante de notre pays. La Suisse n’est pas un pays faible qui craque de partout, comme le prétendent les partisans de l’initiative de résiliation. Elle est un partenaire économiquement solide, reconnu et respecté, parce qu’elle est fiable, qu’elle tient ses engagements dans la durée, et qu’elle ne renie pas ce qui a fait son succès.
La prospérité de la Suisse tient beaucoup aux accords bilatéraux. A nous de nous en souvenir le 27 septembre en rejetant cette initiative.
* FER Genève