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Un classement révélateur sur la politique, et bien plus

Les parlementaires les plus férus de numérique et de science sont de gauche, selon Techrating. Par Jacques Neirynck

«L’association CH++ a publié son premier Techrating qui recense les as et les cancres des sujets numériques et scientifiques au Parlement.»
KEYSTONE
«L’association CH++ a publié son premier Techrating qui recense les as et les cancres des sujets numériques et scientifiques au Parlement.»
Jacques Neirynck
Ancien conseiller national
24 octobre 2023, 19h00
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En vue des élections fédérales du 22 octobre, l’association CH++ a publié son premier Techrating qui recense les as et les cancres des sujets numériques et scientifiques au Parlement, sur la base de leur activité et de la réponse à un questionnaire.

Le trio de tête des parlementaires les plus sensibles aux questions numériques, technologiques et scientifiques au Conseil national est composé d’un Vert, d’un socialiste et d’un vert'libéral. Le trio de queue comporte trois UDC. Le PLR est entre les deux. Ce résultat modifie la perception simpliste que l’on peut avoir de la droite et de la gauche: la première soutien traditionnel de l’économie et donc de l’innovation, de la recherche, de la formation; la seconde vouée à la défense coutumière des déshérités, par définition peu instruits.

Il n’est pas possible de croître indéfiniment sur une planète finie

Jacques Neirynck

Cette enquête confirme ce que l’on suspecte de plus en plus. Droite et gauche ne sont plus ce qu’ils étaient. Les privilégiés de l’instruction votent à gauche et la masse à l’extrême-droite, qui devient le premier parti de Suisse. La science ne jouit plus du prestige qu’elle eut jadis et la méfiance populaire monte: les vaccins sont suspects; le réchauffement climatique est une invention des climatologues; l’exclusion du programme Erasmus n’a aucune importance; les facultés de sciences humaines ne forment que des parasites sociaux; les diplômés étrangers volent des emplois à des Suisses.

Les Trente Glorieuses, de la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945 jusqu’au premier choc pétrolier de 1973, furent la période spectaculaire de forte croissance économique et d’augmentation du niveau de vie qu’a connue la grande majorité des pays développés. La science, transformée en mythe, a soutenu une croyance en un progrès indéfini. Il fallait consommer de plus en plus pour produire, créer des emplois, accélérer la mondialisation et fonder en dernière analyse la paix entre les peuples sur le seul atout du commerce.

Jamais civilisation ne vécut dans un tel aveuglement qui s’est heurté à la barrière infranchissable de la raréfaction des ressources. On se souvient du choc au quatrième trimestre 1973 quand le baril est passé de 2,59 dollars en octobre à 11,65 dollars fin décembre, soit une multiplication par quatre en moins de trois mois. Le record absolu du baril avait été atteint en 2008, à 147,50 dollars, dans un contexte tendu lié à la guerre en Ukraine (déjà). Et ce n’était que la pointe de l’iceberg car le réchauffement climatique, sensible depuis 1990, finira par imposer la sortie des combustibles fossiles.

Face à la crise énergétique, mal comprise, mal ressentie, la réaction populaire s’oriente vers la mise en cause des institutions, parce qu’elles se révèlent incapables de résoudre les défis réels par une sorte de magie. Le pouvoir d’achat n’augmente plus comme pendant les Trente Glorieuses mais subit des chutes prévisibles et imprévues. Les épidémies reviennent. Les guerres ressurgissent. La natalité baisse. Les migrants affluent. Les électeurs ne se fatiguent plus à voter.

La science fut affublée d’une réputation magique. Or, on n’obéit à la nature qu’en lui obéissant. Il n’est pas possible de croître indéfiniment sur une planète finie. Faut-il être tellement savant pour le comprendre?