L’assurance-vieillesse et survivants (AVS), premier pilier de la prévoyance vieillesse, connaît des difficultés financières. Et ceux qui pensent que les nouvelles générations y remédieront ont tort.
Elever des enfants a beau coûter cher en Suisse, le bonheur d’être parent n’a pas de prix. Si l’on revient plusieurs générations en arrière, les enfants étaient considérés comme un investissement rentable.
Main-d’œuvre bon marché, ils étaient la couverture de prévoyance de leurs parents.
Aujourd’hui, le financement de l’AVS dépend encore des plus jeunes générations.
La dernière étude d’UBS sur le sujet met en lumière le décalage qui existe entre l’approche individuelle ou collective vis-à-vis de l’interaction entre générations.
Pas de retour pour les parents
Si les parents doivent supporter des frais élevés pour élever leurs enfants, ils ne bénéficient pas pour autant, en compensation, de prestations de prévoyance supplémentaires.
Les avantages financiers liés aux enfants ont été institutionnalisés dans le cadre du régime de retraite par répartition, mais les coûts de l’éducation des enfants sont largement assumés par les parents.
Si les finances de l’AVS sont en difficulté, c’est parce que le nombre de retraités augmente plus vite que la population active. Des réformes sont à l’étude. Mais, jusqu’à présent, aucun compromis acceptable en vue d’un assainissement durable n’a encore réuni de majorité auprès du peuple et des cantons.
Un nouveau baby-boom pour sauver l’AVS?
L’étude mentionnée évalue la capacité de l’AVS à s’appuyer sur son fondement originel, à savoir les enfants, pour se financer à long terme, si le blocage des réformes persiste.
Toujours est-il que conditionner le sauvetage du premier pilier à l’évolution démographique semble être une solution totalement déraisonnable.
Même si le taux de natalité progressait, de manière modérée dans le meilleur des cas, ou si l’immigration augmentait, une telle évolution ne suffirait guère à compenser le déficit financier de l’AVS.
A défaut de réforme, la Suisse devrait afficher un taux de fécondité d’environ cinq enfants par femme pour que le fonds de compensation de l’AVS soit à l’équilibre d’ici 2070.
Et même si le nombre d’enfants grimpait autant, sa fortune, d’environ 36 milliards de francs actuellement, risque de se transformer en un découvert de plus de 200 milliards de francs d’ici 2050.
En tout état de cause, un taux de natalité aussi haut est irréaliste.
Le système existant ne permet pas de faire face à la réalité actuelle.
Des réformes progressives sont nécessaires car l’époque des familles nombreuses est révolue. Une solution pourrait être d’ajuster les paramètres de manière dynamique – âge de la retraite, cotisations et prestations –, selon des règles et en fonction de l’évolution démographique.
Il n’est pas surprenant que certains modèles de redistribution se fondent sur une combinaison de cotisations et d’impôts.
Le défi consiste à trouver le bon équilibre entre ces deux composantes.
Le respect des normes sociales, un sens partagé de l’équité et la confiance dans l’avenir financier sont des éléments clés pour répondre durablement aux aspirations de l’AVS.
* Chef économiste Suisse /Economiste, Chief Investment Office (CIO), UBS Global Wealth Management