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Troisième révolution industrielle: l’Etat dépassé par la numérisation!

Plusieurs raisons expliquent le retard des autorités publiques. Par Xavier Comtesse

«Dans les années cinquante, l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ) construit l’un des premiers ordinateurs au monde, l'Ermeth (Elektronische Rechenmaschine der ETH).»
KEYSTONE
«Dans les années cinquante, l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ) construit l’un des premiers ordinateurs au monde, l'Ermeth (Elektronische Rechenmaschine der ETH).»
Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
07 novembre 2023, 14h38
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Ordinateur, robotique, machines-outils à commande numérique, internet, web, e-commerce, e-finance, etc. ont bien fonctionné en Suisse… sauf l’e-administration pour laquelle les retards s’accumulent. Bien qu’elle progresse lentement la cyber administration est largement en retard en comparaison internationale (selon l’ONU la Suisse est seulement 23e).

Comment tout cela est-il arrivé? Rappel des événements.

Dans les années cinquante, l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ) construit l’un des premiers ordinateurs au monde, l’Ermeth (Elektronische Rechenmaschine der ETH) puis la Suisse continuent de participer à l’élan d’innovation digitale avec le Smaky (année 80) dans la catégorie des micro-ordinateurs (invention à Lausanne du professeur Jean-Daniel Nicoud de l’EPFL). Suivra le perfectionnement d’une souris avec le lancement de Logitech et enfin le web (1983) invention à Genève du Centre européen pour la recherche nucléaire (Cern).

Dans l’industrie, les fabricants de machines-outils passeront aussi à la programmation sans toutefois vaincre les Japonais (cf. Fanuc) avant de toucher le graal avec des entreprises haut de gamme comme par exemple Willemin-Macodel.

En e-commerce, c’est la grande victoire suisse de Digitec sur Amazon mais c’est aussi la première fintech au monde: Swissquote. Bref, l’économie suisse sort le grand jeu.

La structure fédéraliste est certainement un frein important.

Xavier Comtesse

Il en va tout autrement en ce qui concerne les pouvoirs publics: toujours pas d’identité numérique unique comme par exemple au Danemark, pas de dossier patient généralisé (dossier médical personnel DMP) comme en Suède… et pas de vote électronique national comme en Estonie. Malgré les tentatives genevoises et actuellement celles de La Poste (pour certains cantons). Comment expliquer un tel retard?

Eh bien, il est avant tout politique. D’abord, la structure fédéraliste est certainement un frein important, les cantons font — en ordre dispersé — ce qu’ils veulent. Puis le Parlement fédéral à la recherche permanente de majorité consensuelle qui empêche la prise de risque pour des avancées rapides et efficaces. En bref «aussi lentement que possible» semble être la devise de tous à Berne!

Que faire alors?

C’est avant tout le software politique (la manière de penser) qu’il faut changer. Comment? Par une éducation collective de la compréhension de la transition digitale. Si l’écologie a réussi le tour de force d’entraîner tout le monde ou presque à leurs «visions»…

Il n’en est pas de même en ce qui concerne la digitalisation de la société. On pourrait même dire que c’est le contraire: des phénomènes comme la 5G, la protection des données ou l’intelligence artificielle ont créé beaucoup de confusions dans la tête des parlementaires. Aujourd’hui, la numérisation est quasiment vécue comme une action contre l’individu, la société. Par extension, toute nouveauté dans l’e-administration est ressentie comme allant contre le citoyen et non pas pour lui faciliter la tâche. Un gros problème se pose. Il va falloir tout reprendre à zéro. En comparaison avec les deux révolutions industrielles précédentes les capacités de leadership politique, notamment des radicaux, semblent être bien faibles.