Enième classement dans lequel le trio de tête est composé de pays nordiques et de la Suisse, l’Energy Transition Index 2020 du Forum économique mondial souligne le défi posé par les conséquences socio-économiques de la crise du Covid-19 quant à la poursuite de l’élan insufflé par l’Accord de Paris sur le climat en termes de transition énergétique.
Or c’est justement parce que se dessine, du fait du changement climatique, un impact socio-économique incomparablement plus important que celui induit par ce virus qu’il ne faudrait surtout pas relâcher les efforts tardivement entrepris au niveau mondial.
En 2009, un an après une crise financière majeure, le monde n’était politiquement pas prêt pour un accord sur le climat à Copenhague. Il aura fallu attendre six années de plus pour le voir aboutir à Paris en 2015. Depuis, la prise de conscience du risque climatique s’est considérablement accélérée et ne se trouve pas remise en cause par des choix politiques, même majeurs, comme le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat décidé par Donald Trump. L’essor de la finance durable ces dernières années le confirme. Malgré l’impact socio-économique, la crise du Covid-19 aura au moins permis à certains, en Chine et en Inde notamment, de connaître un air d’une qualité notoirement meilleure qu’à l’accoutumée.
Difficile, après une telle expérience, de souhaiter un retour au «monde d’avant». C’est aussi un enjeu de paix sociale et donc de développement économique.
La crise du Covid-19 dessine une nouvelle carte mondiale du leadership en matière de gestion de crise. Demain, les pays qui auront le mieux anticipé les conséquences du changement climatique généreront une confiance dans l’avenir nécessaire à leur prospérité. Lorsqu’il s’agit d’anticiper demain dans ce domaine, il convient de ne pas perdre le nord, autrement dit de suivre ce qui se trame dans les pays nordiques. Les ministres nordiques de l’Environnement ont souhaité, lors d’une réunion en avril, assurer «les meilleures conditions possibles» à une relance verte des économies nordiques, en soulignant notamment l’importance de promouvoir auprès des investisseurs privés l’intérêt des solutions vertes. S’il y a un sujet stratégique qui concerne à la fois les solutions vertes et la sino-dépendance des économies occidentales, autre rappel de la crise du Covid-19, c’est celui des terres rares.
Lorsque l’on évoque, en Europe, le rapatriement de secteurs stratégiques, au moins au niveau régional, il conviendrait de sécuriser aussi l’approvisionnement en terres rares, dont la production mondiale est quasi monopolisée par des acteurs chinois. Or s’affranchir de façon durable de la Chine dans ce domaine nécessiterait en Europe un investissement des plus massifs dans la recherche visant à développer des solutions de substitution aux terres rares ainsi que dans le recyclage, encore extrêmement limité, de ces métauxLes tensions sino-américaines rappellent l’urgence d’accélérer les efforts déjà entamés afin d’éviter que la prochaine crise n’ait un parfum de terres rares.