Un citoyen sur deux - seulement - voudrait se faire vacciner, selon un sondage réalisé en octobre. Une minorité s’y refuse explicitement. La majorité est hésitante et se pose des questions légitimes. Les vaccins sont-ils sûrs? Les personnes vaccinées continueront-elles à transmettre le virus? Il conviendra que la communauté scientifique et les autorités y répondent dès que possible. A défaut, le scepticisme gagnera encore du terrain.
La campagne de conviction ne sera pas un long fleuve tranquille, pour plusieurs raisons. Depuis l’automne, la critique sévit. Souvent facile et rarement constructive, elle a entamé la confiance envers nos autorités. Par ailleurs, l’individualisme a repris le dessus. Le formidable élan de solidarité du printemps appartient hélas au passé. Certes, la lassitude joue un rôle, mais le chacun pour soi est incompatible avec l’enjeu sanitaire, sociétal et économique. Un autre obstacle : un tiers des Suisses ont un penchant pour des thèses conspirationnistes, selon une étude de l'Université de Zurich réalisée en 2019. Comme le souligne son auteur, le phénomène a très probablement pris de l’ampleur avec le Covid. L’on entend et lit entre autres que le virus serait une invention machiavélique pour anéantir l’Occident ou promouvoir l’industrie pharmaceutique. Enfin, et ce n’est pas rien, la méfiance des Suisses à l’égard des nouvelles technologies est plus répandue qu’il n’y paraît. La technologie a pourtant permis à l’humanité de faire des pas de géant et augmenté significativement la qualité et l’espérance de vie, en Suisse et dans le monde. Pourquoi tant de méfiance ? Comment corriger le tir ? Les milieux scientifiques, académiques et économiques sont appelés à agir, indépendamment du Covid.
Convaincre de larges pans de la population de se faire vacciner exigera des réponses et des messages clairs et simples mais également une très large mobilisation de tous les acteurs, y compris économiques. L’alternative ? Enchaîner les mini-confinements et les faillites, avec leur cohorte de chômeurs et de troubles. Faire imploser le système de santé et compter nos morts. Pour l’heure et jusqu’à avis contraire, la discipline individuelle et collective – aussi inconfortable et lassante soit-elle – reste plus que jamais de mise.