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Subventions nuisibles en faveur de la pêche: rectifions le tir

Par Marie Owens Thomsen

Environ 39 millions de personnes dans le monde dépendent de la pêche de capture pour leur subsistance
Keystone
Environ 39 millions de personnes dans le monde dépendent de la pêche de capture pour leur subsistance
Marie Owens Thomsen
Iata - Economiste en chef
15 juillet 2021, 16h50
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Selon les dernières données de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur l’alimentation et l’agriculture, 34% des stocks mondiaux de poissons sont surexploités, contre 10% en 1974. Environ 39 millions de personnes dans le monde dépendent de la pêche de capture pour leur subsistance et le poisson fourni en moyenne 20% des besoins en protéines animales pour 3,3 milliards de personnes.

Un exemple de surexploitation marine est le moratoire annoncé par le gouvernement canadien en 1992 sur la pêche à la morue, une activité qui avait soutenu la province de Terre-Neuve-et-Labrador pendant des centaines d'années. Environ 19.000 emplois liés aux activités de pêche ont été directement touchés et jusqu'à 20.000 autres ont partiellement ou entièrement disparu.

L’expérience fait écho à la théorie de la tragédie des biens commun de 1968 par Garrett Hardin, écologiste américain. La tragédie d’Hardin concerne les biens ne pouvant être attribués à personne en particulier, ou que personne ne s’est approprié. Si un bien est laissé sans surveillance et à libre disposition de tout le monde, il est sujet à la surexploitation et l’épuisement. 

Il faut pourtant reconnaître que peu d’activités sont aujourd’hui véritablement en accès libre, car l’Etat joue un rôle de régulateur plus ou moins important pour la plupart d’entre elles. C’était aussi le cas de Terre-Neuve où le gouvernement fédéral contrôlait le nombre de pêcheurs au moyen de systèmes de permis et fixait des quotas pour les différents types de navires ainsi que le total autorisé des captures pour l'industrie chaque année. Agissant sur la base de données erronées, le régulateur a autorisé trop de pêcheurs et fixé des quantités de capture trop élevés - une tragédie d’échec de gouvernance de l’Etat. 

Les captures marines mondiales ont diminué en moyenne d’environ 1,2 million de tonnes par an depuis 1996.

L'OMC (Organisation mondiale du commerce) s'est vu confier par les dirigeants mondiaux la tâche importante de fixer des règles sur des subventions nuisibles, poursuivant l’objectif 14.6 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 établi par l’ONU. La prochaine conférence sur ce sujet aura lieu du 30 novembre au 3 décembre 2021 à Genève.

Les captures marines mondiales ont diminué en moyenne d'environ 1,2 million de tonnes par an depuis 1996. En principe, cela rendrait la pêche moins rentable et contribuerait ainsi à en réduire l’activité. Toutefois, les subventions des Etats à la pêche, comprises entre 14 et 54 milliards de dollars par an, maintiennent en mer des flottes de pêche non rentables. Voilà le tir que les Etats membres de l’OMC doivent rectifier.