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Sans électricité, pas de politique climatique

L’électricité deviendra l’énergie clé pour atteindre l’objectif d’une Suisse (presque) sans énergies fossiles. Par Dominique Rochat

Sans électricité, pas de politique climatique
Keystone
Dominique Rochat
Economiesuisse - Responsable de projets
28 septembre 2021, 22h32
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L’échec de la loi CO2 en votation fut un vrai coup de tonnerre. L’adoption d’une nouvelle législation attendra 2025 et il faudra se contenter d’ici là d’une prolongation de l’existante. Le Conseil fédéral a dévoilé ses intentions pour le futur et il a judicieusement tiré les enseignements de l’échec. Il n’y aura pas de nouvelles taxes, mais une extension des instruments existants, focalisés sur la diminution des émissions des transports et des bâtiments.

Ce retard a tout de même un mérite: celui de synchroniser l’examen de la politique climatique avec celui de l’approvisionnement électrique. Les deux dossiers sont intimement liés car l’électricité deviendra l’énergie clé pour atteindre l’objectif d’une Suisse (presque) sans énergies fossiles.

Il y a quatre ans encore, le Conseil fédéral partait de l’idée qu’il fallait stabiliser, voire baisser la consommation électrique. Aujourd’hui, il table sur une hausse.

L’équation à résoudre s’annonce complexe. La Suisse produit largement plus que ses besoins en été, mais pas assez en hiver. Ce trou hivernal s’accentuera suite à l’arrêt progressif des centrales nucléaires et à la hausse des besoins. Pour le combler, notre pays importe du courant d’Europe, à laquelle il est idéalement relié. Sur le papier, tout roule, mais pourra-t-on tranquillement se reposer sur nos voisins? Un tel scénario devient de plus en plus incertain. Depuis l’échec de l’accord-cadre, la Suisse se trouve peu à peu écartée du marché électrique européen. Les pays de l’UE souhaitent aussi abandonner les énergies fossiles, tout en débranchant une partie du nucléaire.

Depuis l’échec de l’accord-cadre, la Suisse se trouve peu à peu écartée du marché électrique européen.

Les bonds actuels du prix de l’électricité sont un avant-goût de ce qui pourrait se passer si l’approvisionnement du continent devenait chroniquement tendu.

Alors que faire? La Suisse a une priorité: atténuer son déficit électrique hivernal, par l’ajout de capacités de production et de réserves. Si des soutiens étatiques sont nécessaires, ils doivent viser clairement ce but et produire le maximum d’effet par franc investi. Compte tenu des résistances suscitées par la construction de nouvelles installations renouvelables, il est sage de pouvoir continuer à recourir à des moyens de production «classiques», comme le gaz.

Enfin, la facture doit rester supportable pour les citoyens et les entreprises. Une bonne dose de pragmatisme sera nécessaire pour trouver des solutions adéquates.