La démotivation aurait-elle gagné les salariés qui sont restés éloignés de leur lieu de travail pendant la pandémie? C'est la thèse que défend l'hebdomadaire Le Point dans son édition du 17 juin dernier, avec sa Une accrocheuse: «Ces Français qui n'ont plus envie de travailler…» Selon un patron de restaurant cité par le journal, le chômage partiel aurait induit «une sorte d'oisiveté obligatoire», qui aurait fait perdre au travail toute valeur et tout sens pour certains. Au point qu'un nombre non négligeable d'employés hexagonaux auraient tout largué ou ne veulent tout simplement pas retourner au boulot. L'hebdomadaire évoque l'effet pervers des aides massives dont ont bénéficié nos voisins français.
Comparaison n'est certes pas raison, mais l'on peut imaginer qu'en Suisse aussi, le retour au travail ne doit être facile ni pour les travailleurs qui se sont retrouvés en RHT pendant de longs mois ni pour celles et ceux qui ont travaillé depuis leur domicile. Redevenir pendulaire, reprendre une activité, revenir en présentiel et redéfinir des objectifs n'a rien d'évident après cette parenthèse pandémique. Les vacances d'été qui se profilent permettront déjà une transition en douceur.
Rien ne remplacera le contact direct avec les collègues, qui stimule les échanges et renforce l’esprit d’équipe
Dans ce contexte, les employeurs ont un rôle essentiel à tenir: celui de remotiver leurs troupes. C'est l'occasion de montrer que remettre l'humain au centre de l'entreprise n'est pas qu'un slogan. Les managers doivent, bien plus que par le passé, prendre soin de leurs équipes, de leurs cadres et de leurs clients. Bien-être au travail et management éclairé doivent figurer en bonne place dans le manuel du bon chef.
Les employés ont un grand besoin de reconnaissance. Les entrepreneurs doivent prendre conscience de ce phénomène. Un vrai défi pour eux, car il s'agit tout à la fois de faire redémarrer les affaires, de remplir les carnets de commande et de prendre soin d'eux-mêmes afin de pouvoir accompagner leurs collaborateurs dans les meilleures conditions.
Un mot encore sur le télétravail, dont la pandémie a clairement renforcé l'attrait. Pas plus tard que cette semaine, Credit Suisse a annoncé qu'il rendra possible le home office à 100% de manière optionnelle. Ouvrir davantage la porte à ce mode de travail s'inscrit dans une tendance forte, même s'il faut rappeler que rien ne remplacera jamais le contact direct avec les collègues, qui stimule les échanges et renforce l’esprit d’équipe.