Une pop-up sur Instagram m’a demandé de choisir entre l’utilisation gratuite de l’application (avec exploitation de mes données) ou le paiement pour une expérience sans publicité. Ce choix fait suite à la pression de l’Union européenne et de la Suisse sur Meta, l’ex-Facebook, pour qu’il modifie sa politique de données.
Meta et d’autres réseaux sociaux se financent en nous utilisant comme audience captive pour leurs annonceurs, mais la plupart des gens l’ignorent. Forbes qualifie ce nouveau service payant de moralement discutable, mais techniquement conforme aux exigences légales. Il risque d’être le nouveau YouTube Premium: le service le moins apprécié de tous, qui n’a jamais atteint ses objectifs. Pourquoi payer pour quelque chose qu’on peut obtenir gratuitement? Surtout quand nos données ont déjà été utilisées sans notre consentement par le passé.
Les plateformes veulent gagner de l’argent avec nos informations? Qu’elles le fassent sous un contrôle et des règles plus stricts
Diana Duque
TikTok, X (ex-Twitter) et Snapchat ont aussi lancé des services similaires à des prix différents. Et à quel point ces publicités seront-elles invasives? Ces entreprises sont aussi puissantes que certains pays, mais sans véritables règles de droit. Nous le voyons avec le harcèlement, la désinformation et les décisions éditoriales sélectives qui favorisent ou suppriment certains contenus. Et maintenant, avec cette faille pour utiliser nos données, le risque est encore plus grand. Il ne s’agit plus seulement de signaler les publicités de charlatans qui envahissent nos écrans.
Puisque l’UE et la Suisse ont entamé cette réforme sur les données, il faut aller plus loin et leur imposer des devoirs qui vont au-delà de ceux envers leurs investisseurs. Les plateformes veulent gagner de l’argent avec nos informations? Qu’elles le fassent sous un contrôle et des règles plus stricts, et en respectant les obligations éditoriales, comme toute autre entreprise de médias.
Ces obligations impliquent de garantir la qualité, la véracité et la diversité des contenus, ainsi que de protéger les droits et les intérêts des utilisateurs. Elles impliquent aussi de respecter la vie privée, la sécurité et la souveraineté des données, ainsi que de prévenir les abus, les manipulations et les discriminations. Elles impliquent également de limiter la publicité comportementale, qui peut être intrusive et nuisible, et de ne pas considérer notre consentement comme un buffet à volonté pour les annonceurs.
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