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Reprise marquée des échanges commerciaux

Marie Owens Thomsen
Marie Owens Thomsen
Marie Owens Thomsen
Iata - Economiste en chef
21 octobre 2020, 17h08
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Le ralentissement des volumes mondiaux de marchandises échangées avait déjà commencé fin 2018 pour marquer un recul en 2019. Avec la pandémie de COVID-19, l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a constaté une contraction des échanges de 3% au premier trimestre 2020 par rapport au même trimestre 2019. Le second trimestre a été encore plus sévèrement impacté, enregistrant une baisse de 18,5% sur la même base. Un tel repli du commerce international n’avait pas été observé depuis la grande dépression des années 30, qui avait vu les volumes chuter de plus de 50%. La bonne nouvelle est que nos pires craintes ne se sont pas réalisées. En avril de cette année, l’OMC a publié ses scénarios. Le plus pessimiste prévoyait en effet une contraction de 30% des échanges. Le scénario le plus optimiste envisageait une baisse de 13% des volumes de marchandises échangées sur l’année. Il pourrait encore être atteint si le commerce international parvenait à croître de 2.5 % sur la deuxième moitié de l’année. Les sociétés prenant part au transport de marchandises souffrent bien sûr de la situation actuelle, mais nettement moins que ce que l’on aurait pu penser. Certes, les compagnies aériennes subissent de plein fouet l’effondrement des déplacements de personnes mais côté fret, la situation est bien meilleure; l’utilisation journalière des capacités a atteint en juin son plus haut niveau depuis 2012. Plus important encore que l’aérien, le commerce maritime, lui, transporte 90% des marchandises dans le monde: 11.900 milliards de tonnes en 2019, soit 1.6 tonnes par personne. Le secteur, en particulier le segment du transport par conteneurs, pourrait bien réaliser des profits records cette année, grâce à la reprise d’activité plus forte qu’attendue. Le port de Long Beach en Californie par exemple, a constaté une augmentation de sa fréquentation en août de 12 % par rapport à août 2019. Les prix des transports ont quant à eux atteint de nouveaux plus hauts sur certaines routes - dont celles entre la Chine et la côte ouest des Etats-Unis  qui sont en hausse de 127% par rapport à l’année dernière. Ces faits montrent que la marchandise continue de circuler dans le monde et que le commerce international connait un fort rebond, ce qui est très favorable à l’économie. Ce qui l’est moins est la concentration des participants dans le secteur des transports maritimes. Maersk, la plus grande société de transports par conteneurs au monde, avec 17% de part de marché à elle seule, a révisé à la hausse sa prévision de profits pour 2020 par rapport à ses anticipations pré-COVID. Les sept transporteurs les plus importants au niveau international possèdent 75% de la flotte mondiale. Les acteurs du marché se sont regroupés en trois alliances formées en 2017 qui contrôlent actuellement 85% des capacités dans le Pacifique et la quasi-totalité des trajets Asie-Europe. Ainsi, une partie de la hausse des prix des transports s’explique par la structure oligopolistique du marché. Le marché du transport, et notamment le transport maritime, est prêt à être bouleversé. En Europe, il est responsable de l’émission de 138 millions de tonnes de CO2, soit 3.7% du total des émissions européennes - ce qui est comparable à l’ensemble des émissions de la Belgique. Sur fonds de régulation, et avec les innovations mécaniques employant des solutions existantes (comme la voile) et l’arrivée des nouvelles technologies (bateaux électriques, l’hydrogène), le transport maritime à zéro émissions de CO2 est à portée de main.
De quoi faire émerger des avantages compétitifs, qui devraient secouer les situations d’oligopole. * Global head of Trends Lombard Odier