La Commission de l’énergie du Conseil national (CEATE-N) a pris position sur l’initiative parlementaire Girod qui souhaite que la promotion des énergies renouvelables s’effectue de manière uniforme.
Si le soutien au développement des énergies renouvelables s’avère nécessaire, il est inconcevable de les soutenir de manière uniforme comme le préconise la commission du Conseil national. En effet, toutes les installations ne se valent pas, ni en termes d’objectifs de décarbonisation et encore moins sur le plan de la sécurité d’approvisionnement.
A terme, la décarbonisation favorise l’électrification et entraînera une hausse considérable de la consommation d’électricité en Suisse, alors que notre pays se voit amputer progressivement de la production issue du nucléaire (encore 32% en 2018). Ce mode de production reste une énergie en ruban indispensable pour notre sécurité d’approvisionnement, tout comme la production hydroélectrique qui représente 37.000 GWh (55%). A titre de comparaison, et malgré un soutien financier conséquent, la production issue du photovoltaïque, bien que croissante, atteint 2100 GWh environ tandis que l’ensemble de la biomasse représente moins de 1800 GWh. Les chiffres de l’éolien et de la géothermie sont si faibles qu’ils sont anecdotiques.
De l'aveuglement
Malgré une production pour le moins modeste, la commission du National estime que la biomasse, par exemple, constitue un pilier important du tournant énergétique et que durant les mois d’hiver, en particulier, celle-ci contribuerait à la garantie de l’approvisionnement. Or, sa contribution à un approvisionnement sûr en électricité est faible, car les matières premières sont disponibles de façon limitée en Suisse, ce qui réduit considérablement son potentiel.
Cet aveuglement sur le potentiel théorique irréaliste de certaines énergies renouvelables risque de transformer insidieusement la stratégie énergétique en une politique d’importation. Or, la réorientation énergétique planifiée de nos pays voisins viendra fragiliser encore plus notre sécurité en approvisionnement. Dans son dernier rapport, la Commission fédérale de l’électricité (ElCom) s’inquiète d’ailleurs de l’instabilité croissante du réseau et ne cache pas le risque de pénuries temporaires à l’avenir.