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Prise and love

L’agitation autour des primes d’assurance maladie masque d’autres sujets majeurs, comme l’approvisionnement en électricité. Par Philippe Miauton

«Pour l’hydraulique, le solaire et l’éolien, nous avons maintenant des zones et des projets où la pesée des intérêts peut être tranchée en faveur de la production d’électricité.»
KEYSTONE
«Pour l’hydraulique, le solaire et l’éolien, nous avons maintenant des zones et des projets où la pesée des intérêts peut être tranchée en faveur de la production d’électricité.»
Philippe Miauton
Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) - Directeur
22 septembre 2023, 7h00
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En pleine campagne pour les élections fédérales, la prochaine annonce d’une hausse des primes maladie va suffire à animer les débats, a dû se dire le Conseil fédéral. A moins que les leçons du feuilleton électrique de l’année dernière l’aient convaincu qu’il ne fallait pas crier au loup trop tôt. Ou peut-être un effet heureux du changement de couleur et de méthode à la tête du puissant Département de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication? Toujours est-il qu’il n’y a pas, pour l’heure, de campagne nationale d’économie d’énergie à l’horizon.

A la bonne heure! La population, tout comme l’économie, a déjà assez de préoccupations. Ce d’autant plus, comme le justifiait le conseiller fédéral Albert Rösti, que la Suisse aborde l’hiver mieux préparée. Stock hydroélectrique à flot, réserves de gaz à plein, centrales de réserve fonctionnelles et… last but not least, parc nucléaire français opérationnel. Ces derniers éléments nous offrent donc une bouffée d’air inversement proportionnelle aux arguments des alarmistes de la sobriété énergétique à tout prix.

La menace systémique d’une pénurie d’électricité pèse et dépendre d’électricité produite par des centrales d’urgence fonctionnant aux énergies fossiles n’est pas viable.

Philippe Miauton

Contingentement, délestage, black-out: le mantra est renvoyé à plus tard. La menace systémique d’une pénurie d’électricité pèse néanmoins, et dépendre d’électricité produite par des centrales d’urgence fonctionnant aux énergies fossiles n’est pas viable. Le Conseil des Etats a proposé cette semaine de donner une marge de manœuvre au Conseil fédéral, qui doit pouvoir temporairement assouplir les prescriptions afin d’atteindre les objectifs de production d’énergie renouvelable. En clair, la Suisse doit pouvoir produire davantage d’électricité nationale avant de réduire les émissions de CO2. On remet enfin les bœufs avant la charrue.

Ainsi pour l’hydraulique, le solaire et l’éolien, nous avons maintenant des zones et des projets où la pesée des intérêts peut être tranchée en faveur de la production d’électricité, explique Albert Rösti. L’exemple malheureux du Valais et des parcs solaires alpins, rappelant que le «not in my backyard» a de beaux jours devant lui, doit nous faire réfléchir.

Fraîchement publiée, une étude de l’Energy Science Center de l’EPFZ, demandée par Economiesuisse, apporte un éclairage important. Avec une prolongation de la durée de vie de nos centrales nucléaires, la facture du système électrique diminuerait de 11 milliards de francs d’ici à 2050.

On comprend désormais qu’au-delà de la politique de beau temps de ces dix dernières années, le nucléaire constitue un élément vital dans le mix énergétique favorisant une transition. L’étude démontre aussi qu’en l’absence d’accord avec l’Europe sur l’énergie, les coûts d’achat d’ici à 2050 pourraient s’élever à 50 milliards… Nucléaire et accord-cadre reviennent donc opportunément sur le devant de la scène. De quoi ouvrir, nous l’espérons, une période sereine de prise and love.