De quoi s’agit-il. L’autrice n’a pas perdu de temps. Voici le premier livre à retracer toute l’histoire de Credit Suisse depuis sa naissance, le 16 juillet 1856, et sa fin, le 19 mars 2023, jour de l’annonce de son rachat par UBS, déjà premier établissement bancaire du pays. L'essai commence par les derniers jours d’une intensité exceptionnelle qui ont précipité sa chute, et la transaction orchestrée par la Confédération, la Banque nationale et la Finma, le régulateur. Le récit corrobore pour l’essentiel ce que le Financial Times avait alors écrit presque minute par minute depuis ce fameux mercredi et ce dimanche noir pour la place financière.
Pourquoi c’est intéressant. L’essai s’interroge aussi sur les leçons à tirer de ces années de mauvaise gestion, de prises de risque inconsidérée, et au final de la débâcle de cette banque qui fut un temps le fleuron de la place financière helvétique. La Suisse a-t-elle vraiment besoin de grandes banques? Il est temps de nous interroger «sur ce que nous voulons», demande Mathilde Farine. Pour éviter qu’une nouvelle crise se produise, potentiellement plus grave encore. Car la «question de l’éventuelle faillite d’UBS ne peut pas être un tabou», clame la journaliste du Temps.
La citation qui marque. «“Nous aurions donné notre vie à Credit Suisse”, assure celui qui a encore occupé plusieurs fonctions de responsable. Mais c’était le Credit Suisse d’avant: “Une banque exceptionnelle, formatrice. […] Ce n’est pas un hasard si de très nombreux dirigeants de banques privées, cantonales ou étrangères en Suisse dans les années 2000-2015 venaient de Credit Suisse.”»

«La Chute, chronique de la débâcle d’une banque», Mathilde Farine, éditions Slatkine et Le Temps, juin 2023, 154 pages, 22 francs.