17 novembre 2020, 14h30
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L’histoire économique montre qu’un cadre réglementaire raisonnable et proportionnel est bénéfique pour tous. Interdiction du travail des enfants ou de l’esclavage, liberté syndicale, congés-payés, assurance chômage... L’évolution des cadres réglementaires a contribué à l’intérêt général et à la création de valeur sans provoquer de dommages économiques à long terme.
Le 29 novembre, nous déterminerons si toutes les entreprises suisses doivent respecter les mêmes règles en matière de droits humains et environnementaux. Il s’agit de créer des conditions de concurrence saines et équitables, dans lesquelles les entreprises qui ne respectent pas leurs devoirs seront tenues pour responsables. Le concept de concurrence équitable explique pourquoi de nombreuses entreprises suisses s’engagent en faveur de cette initiative. Elle vient renforcer la valeur immatérielle des entreprises helvétiques en s’assurant que les quelques mauvais élèves ne détruisent pas la réputation de tous. Il est crucial de préserver cette réputation pour les affaires de la Suisse et sa crédibilité diplomatique internationale.
La Suisse ne fait pas cavalier seul en proposant des règles contraignantes pour encadrer les pratiques des entreprises. En France, une loi sur le devoir de vigilance existe depuis 2017, et la Commission européenne prépare une loi excédant la simple obligation de signalement déjà existante. Il serait donc absurde de se limiter à une telle obligation de signalement, comme le préconise le Conseil fédéral, vu que cela a été jugé insuffisant au niveau européen. L’acceptation de l’initiative permettrait d’aligner la législation suisse avec le droit continental.
En janvier 2021, la nouvelle loi sur l’attribution des marchés publics mettra sur pied d’égalité les critères de responsabilité sociale et environnementale et le critère de prix. La montée en puissance des critères de durabilité et la fin de la prééminence des aspects purement financiers se confirment, redéfinissant le rôle des entreprises dans la société. Le respect des droits humains et de l’environnement est une attente claire des citoyens, mais aussi un atout pour les affaires. Cela favorise la résilience et l’acquisition de parts de marché. Une entreprise qui s’assure du respect des droits dans sa chaîne de valeur honore et rassure ses partenaires. Au vu des tendances nationale et internationale, accepter l’initiative pour des entreprises responsables est une affaire de cohérence et de positionnement stratégique.
La défense de la vie humaine, de la dignité et de l’environnement ne peut plus être uniquement tributaire d’actions volontaires. Les entreprises doivent évoluer face au dépassement des limites planétaires et aux attentes sociétales. Nous assistons à un mouvement de fond pour redéfinir le capitalisme et y intégrer la notion de performance extra-financière des entreprises, c’est-à-dire les effets de leurs activités sur l’impact qu’elles ont sur leurs parties prenantes.
Le bâton réglementaire devient donc un outil pour accélérer le changement inévitable, la carotte un levier de performance globale assurant la pérennité et la compétitivité de l’entreprise dans le temps.
* Fondateur et directeur exécutif B Lab