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Personne ne conteste le rôle des multinationales, la réponse d'Antonio Hodgers à Xavier Comtesse

Il est contradictoire de postuler la croissance économique sans en assumer les conséquences en matière d’aménagement du territoire, selon le conseiller d'Etat genevois.

«Le manque d’acceptation de la gestion de la densité urbaine que la croissance économique implique est tout particulièrement vivace dans l’opposition de la droite économique aux nouveaux aménagements en faveur de la mobilité douce.»
KEYSTONE
«Le manque d’acceptation de la gestion de la densité urbaine que la croissance économique implique est tout particulièrement vivace dans l’opposition de la droite économique aux nouveaux aménagements en faveur de la mobilité douce.»
Antonio Hodgers
Canton de Genève - Conseiller d'Etat, en charge du Département du territoire
18 août 2022, 14h10
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C’est toujours intéressant de lire Xavier Comtesse. Le 16 août, il a pris la plume pour expliquer ce que tout le monde savait déjà, à savoir que la prospérité économique de Genève doit énormément aux grandes entreprises actives dans l’économie-monde, qu’on appelle communément les multinationales. Malgré la confusion qu’il fait entre ces dernières et les grandes nationales entreprises tournées vers le marché intérieur, il a globalement raison: les «multi» constituent bien un moteur fondamental de la croissance et la prospérité genevoise. C’est juste, personne ne le conteste, mais ce n’était pas réellement le sujet.

En effet, ce que j’ai tenté d’évoquer dans mon interview dans la «Tribune de Genève» du 5 août, c’est plutôt la corrélation forte qu’il y a entre croissance économique, démographie, développement urbain et potentiel fiscal. Peu de gens appréhendent correctement l’intrication entre ces quatre composantes et il est fréquent en politique d’en évoquer une tout en étant aveugle des effets sur les autres. Ce qui donne des discours incohérents. «Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes», aurait dit Bossuet.

Il ne s’agit pas de figer notre société, mais bien d’avoir une vision plus holistique du développement.

Antonio Hodgers

En l’occurrence, une contradiction courante est de postuler une croissance économique forte tout en étant conservateur en matière territoriale. Pourtant, si notre économie croît, le besoin en main-d’œuvre aussi et la nécessité d’infrastructures pour ces populations de même. Il est donc contradictoire de postuler la croissance économique sans en assumer les conséquences en matière d’aménagement du territoire.

Or, depuis plusieurs années, je constate que la droite - voire même les organisations économiques - freine plusieurs projets de construction avec un discours contre la densité, comme en atteste encore la récente opposition du PLR au PLQ de Bourgogne en Ville de Genève pour lequel une votation est prévue. Mais ce n’est pas tout: ce manque d’acceptation de la gestion de la «densité urbaine» que la croissance économique implique est tout particulièrement vivace dans l’opposition de la droite économique aux nouveaux aménagements en faveur de la mobilité douce, qui en est un corollaire inévitable, comme le démontrent de multiples villes européennes. Là est une pierre dans le jardin de la droite.

Dans le fond, je n’ai rien contre les multinationales, ni contre le développement. Je suis plutôt content d’habiter dans une grande agglomération cosmopolite et conscient de la chance que possède Genève à bien des égards. Cependant, il est aujourd’hui indéniable que de postuler la croissance pour la croissance ne fait plus de sens et que nous devons trouver les justes équilibres en tenant compte de l’économie - bien sûr! - mais aussi des limites du territoire, du respect de l’environnement et d’une approche plus qualitative autour de la qualité de vie. Il ne s’agit pas de figer notre société, mais bien d’avoir une vision plus holistique du développement. Je suis sûr que même M. Comtesse peut en convenir.