La Climate Week – initiative européenne organisée par The Climate Group depuis 2009 parallèlement à l’Assemblée générale des Nations unies – est devenue le plus grand événement annuel dédié à l’atténuation du changement climatique. Organisée le mois dernier à New York, elle mobilise le secteur privé, les gouvernements et les institutions financières lors de quelque 500 sessions.
Cette année, les thèmes abordés étaient évidemment relatifs aux secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre comme ceux des énergies, des bâtiments ou des transports. Mais deux autres sujets des plus pertinents étaient à l’agenda: la question du mode de vie durable ainsi que du rôle essentiel de la nature pour contrer le changement climatique.
La question du mode de vie durable est fondamentalement intéressante. Celle-ci permet de questionner le rôle des actions collectives ou individuelles et non plus uniquement corporatives, et de sortir des traditionnels «plan to action» ou autres annonces alarmistes et désormais stériles, vu l’incapacité du système à se transformer rapidement. Il questionne frontalement l’intégrité des acteurs privés et économiques ainsi que la nécessaire sobriété du mode de vie pour assurer un changement effectif. Les sujets incluent, sans s’y limiter, un mode de vie durable et zéro/faible déchet, une alimentation durable, le gaspillage alimentaire, l’économie circulaire ou la mobilisation des jeunes.
Le changement climatique constitue une menace directe pour la sécurité alimentaire, alors que les systèmes agroalimentaires eux-mêmes génèrent 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’origine humaine
Fabio Sofia
Deuxième sujet en forte progression et probablement le plus important à traiter sans délai, le rôle essentiel que la nature (incluant océans, sols ou forêts) joue pour la préservation du bien-être et des moyens de subsistance de toutes les espèces. Les thèmes abordés à New York concernaient l’importance de préserver et de restaurer de manière systématique et intégrée les écosystèmes et la biodiversité. Ces solutions fondées sur la nature sont importantes car elles aident à stocker les émissions de carbone difficiles à éliminer par d’autres moyens.
En fait, et ceci est le point fondamental à retenir de la Climate Week, nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs climatiques sans restaurer et protéger la nature. Les grands contributeurs de gaz à effet de serre que sont les Etats et les grandes sociétés, ne pourront plus définir des agendas de décarbonation à 2050 en compensant leurs émissions de carbone. Il est nécessaire de changer le système et d’innover.
Cette dernière constatation, non pas nouvelle mais désormais criante, est en train de rebattre les cartes sur la question de la transition des systèmes alimentaires et de l’agriculture. Le changement climatique constitue une menace directe pour la sécurité alimentaire, alors que les systèmes agroalimentaires eux-mêmes génèrent 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’origine humaine.
Lors de la Climate Week, les discussions sur la nature se sont principalement concentrées sur la question de la préservation des sols et de l’agriculture régénératrice. La présidence de la COP28, a notamment profité de la Climate Week pour annoncer que la transformation des systèmes alimentaires et l’agriculture régénératrice seraient parmi les thèmes principaux à l’agenda de la prochaine édition de la Conférence des parties de Dubaï, car ils constituent également l’un des moyens les plus rapides et efficaces de séquestrer et stocker les émissions de carbone.