«Petits» pays, grandes idées. C’est ainsi que l’on pourrait décrire les pays nordiques, et en particulier le plus petit d’entre eux, l’Islande. Le mois de mars aura, au travers de plusieurs annonces et bons résultats, démontré que cette île peuplée de près de 340.000 habitants a de quoi intéresser tous ceux travaillant à la promotion de l’attractivité d’un pays. Prochainement, le ministre islandais des affaires sociales et de l’égalité, Þorsteinn Víglundsson, doit présenter devant le Parlement islandais une proposition de loi dont l’objectif est que les entités employant au moins 25 personnes aient à justifier d’une égalité salariale entre les hommes et les femmes employés à niveau équivalent. Si le texte était adopté, ce serait une première mondiale.
Depuis des années déjà, cette «petite» nation, qui avait été en 1980 la première au monde à élire au suffrage universel direct une femme chef d’Etat, domine le classement établi par le Forum économique mondial dans le cadre de son «rapport mondial sur la parité entre hommes et femmes». Cette initiative ne devrait pas manquer de renforcer son positionnement.
L’Islande «coche» de nombreuses cases et plaît de fait au plus grand nombre. Le leadership islandais démontré avec peu de moyens a été révélé au grand jour au travers d’un événement international comme l’Euro 2016 de football. Ce n’est pas que le bon air des rives du lac d’Annecy, où l’équipe islandaise résidait, qui en est à l’origine. C’est avant tout un mélange détonnant de simplicité, caractéristique très nordique mais encore plus marquée dans une société insulaire islandaise où «tout le monde se connait», et de professionnalisme qui peut expliquer ce leadership.
Moins de dix ans après la crise financière de 2008, période où l’Islande s’était retrouvée au bord de la faillite et avait dû faire appel à un prêt du Fonds monétaire international (FMI), qu’elle a depuis remboursé, l’île a levé le 14 mars les derniers reliquats du contrôle des changes mis en place à l’époque. Pour un pays ayant connu une chute économique pour le moins vertigineuse, présenter moins d’une décennie plus tard des taux de croissance aussi élevés et de chômage aussi bas mérite de s’y intéresser davantage.
L’office islandais des statistiques publiait en mars des chiffres à faire pâlir d’envie n’importe quel gouvernement occidental. L’Islande a connu en 2016 une croissance de 7,2% de son produit intérieur brut (11,3% au quatrième trimestre 2016) quand le chômage, dans les trois derniers mois de l’année dernière, ne représentait que 2,5% de la population active. Une croissance qui pourrait laisser penser à la Chine, mais c’est bien de l’Islande dont il s’agit.
Pour couronner le tout, l’édition 2017 du «World Happiness Report» est venue, toujours en mars, confirmer le rang de l’Islande sur la scène internationale en ce qui concerne le niveau de bonheur par habitant, instrument de mesure amené à devenir indispensable aux politiques publiques dans un XXIe siècle où la qualité de vie ne pourra que prévaloir sur la carrière. De nouveau, l’Islande est sur le podium, en troisième position, cette fois derrière la Norvège et le Danemark, mais devant la Suisse, quatrième.
* Consultant international
à Reykjavik en Islande,
spécialiste des pays nordiques