Que nous dit l’initiative «Alléger les impôts sur les salaires, imposer équitablement le capital», aussi appelée initiative 99%, soumise au peuple le 26 septembre? Que les Suisses deviendraient de plus en plus pauvres alors que quelques-uns deviendraient scandaleusement plus riches. Selon les Jeunes socialistes, auteurs du texte, il faut combattre cette situation en imposant davantage les 1% les plus riches de Suisse par le biais des revenus du capital. Ceux-ci ne sont cependant pas définis en droit suisse, on ne sait donc pas ce qu’on devrait imposer si l’initiative passait. Seule certitude: la couche d’impôt supplémentaire ne toucherait pas seulement les 1% les plus riches, mais aussi les start-up, les propriétaires immobiliers, les exploitations agricoles et les petits investisseurs. Le texte affaiblit la capacité de résistance des PME et des entreprises familiales en prélevant des impôts sur des revenus qui n’existent pas et a un effet délétère sur la transmission d’entreprise.
Le texte se fonde en outre sur le présupposé que la population s’appauvrit. Dans les faits, elle s’enrichit. La fortune des Suisses les moins aisés a augmenté de 18,6% entre 2003 et 2015. Dans le même temps, le revenu des plus riches a crû 43%, mais cela ne s’est pas fait au détriment des personnes moins aisées. Il est donc faux de prétendre que pendant que les uns s’enrichissent, les autres s’appauvrissent. On le voit grâce au coefficient de Gini, qui détermine l’écart entre les plus riches et les plus pauvres; il est resté stable en Suisse ces dernières années, à un niveau bas. L’imposition sur le revenu, quel qu’en soit l’origine, est d’ores et déjà très progressive. Dans les chiffres, 1% des contribuables les plus aisés paient 40% de l’impôt fédéral direct, alors que 50% des moins aisés n’en paient que 2%.
De plus, la Suisse est l’un des rares pays à imposer la fortune. Un tout petit nombre de contribuables paie ainsi l’immense majorité des impôts, alors que la part des personnes n’en payant pas du tout augmente. C’est le cas de 36% des contribuables à Genève et de 23% dans le canton de Vaud. Les plus riches sont ceux qui contribuent aux finances publiques et donc aux politiques sociales mises en place à un niveau de prestation élevé. Il est nécessaire de pouvoir maintenir ces contribuables aisés, afin de venir efficacement en aide à ceux qui en ont besoin. Refuser l’initiative 99%, c’est faire preuve de bon sens.