Le phénomène de désindustrialisation qui a affecté la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis a épargné la Suisse. Au cours des vingt-cinq dernière années, le nombre d’employés dans l'industrie de notre pays est demeuré stable, à environ 730.000, alors que la valeur ajoutée a progressé de manière significative et que les exportations ont doublé. C'est le constat que dresse Avenir Suisse dans sa dernière analyse, «Perpétuer le succès de l'industrie suisse». Même si l’importance du secteur industriel n’est plus la même aujourd’hui que dans les années 1970 pour notre place économique, le bilan reste positif aux yeux du laboratoire d'idées libéral.
La récente étude de la CVCI, «De la crise des subprimes à celle du Covid: le miracle vaudois», montre elle aussi qu'entre les années 2005 et 2020, le nombre d’équivalents plein temps avait progressé dans l’industrie manufacturière, la chimie-pharma, naturellement, mais aussi dans l’industrie des machines et celle de l’horlogerie. Le secteur alimentaire n'est pas en reste, notamment grâce à l'essor phénoménal qu'a rencontré Nespresso. La construction a également étoffé ses effectifs. Le secteur secondaire a compté pour un quart de la croissance sur cette période.
La Suisse ne pourra pas faire l'économie d'un débat sur la définition d'une politique industrielle.
Cette analyse nous conforte dans l'idée qu'il est indispensable de continuer à diversifier notre tissu économique et de pérenniser, voire de développer, les accords commerciaux conclus avec nos divers partenaires. A cet égard, la réactivation de nos relations avec l'Union européenne reste une priorité, car les 27 absorbent près de la moitié de nos exportations. La Suisse doit aussi étoffer sa formation – professionnelle et académique - dans tous les domaines qui font l’excellence de notre pays.
Les politiques dirigistes et volontaristes de nombreuses nations occidentales ont certes abouti à une désindustrialisation. Il reste que la donne a changé, les processus se complexifient. L'arrivée prochaine d'un taux d’impôt minimal mondial sur les sociétés, décidé par le G20, les énormes investissements que les entreprises devront consentir dans le domaine de la numérisation et de la transition énergétique constituent autant de défis auxquels la Suisse est confrontée.
Notre pays ne pourra ainsi pas faire l'économie d'un débat sur la définition d'une politique industrielle, notamment en vue d'aider les PME et les start-up au niveau de la recherche et du développement.